samedi 13 avril 2024

Mélissa (Némésis) : « Passé une certaine heure, et même parfois en journée, il est impossible pour une femme de se balader seule dans le centre-ville de Nantes » [Interview]

 

Nous avons rendu compte il y a quelques jours de l’action menée par des jeunes femmes féministes du collectif Némésis, durant la venue à Nantes de Jean-Luc Mélenchon. Parmi celles-ci, dont Jean-Luc Mélenchon réclama le scalp durant sa conférence, Mélissa, porte-parole locale du collectif féministe. Nous l’avons rencontrée afin qu’elle revienne sur cette action, et qu’elle nous explique les raisons de son engagement, à Nantes, et de l’importance du féminisme non gauchiste.

Breizh-info.com : Pouvez vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Mélissa, j’ai 26 ans, je suis nantaise depuis toujours. Je suis une jeune femme tout ce qu’il y a de plus classique, hormis le fait que je milite au collectif Nemesis depuis maintenant 3 ans. J’ai dirigé la section de Lyon où j’ai vécu pendant 2 ans puis j’ai rejoint la section de Nantes il y a un an lorsque je suis rentrée. Je suis également l’une des porte-paroles de l’association.

Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a amené à rejoindre le collectif Némésis ?

Le réel tout simplement. Le déclin de Nantes. Je suis née ici, j’y ai grandi, et à partir de 18 ans (âge où j’ai commencé à sortir), j’ai vu la ville se dégrader sous mes yeux à très grande vitesse. Je me suis fait de plus en plus agresser (ça va de se faire suivre dans la Fnac place du commerce, à devoir me réfugier dans un bar avec mes amis car des racailles nous courent après pour nous planter, en passant par des regards et remarques salaces d’hommes type maghrébins qui ont l’âge de mon père), et pour ma part, tout le temps par les mêmes profils (issus de l’immigration). Je ne me sentais plus chez moi dans ma propre ville et surtout pas libre ni en sécurité. La population a considérablement changé, même mes parents qui sont plus réfractaires à mes idées, reconnaissent totalement que Nantes n’est plus la même ville que quand ils sont arrivés il y a plus de 25 ans.

Ce que je voyais et vivais dans les rues nantaises au quotidien, c’est à dire la montée de l’immigration qui influence clairement ma sécurité, personne de mon âge n’en parlait, du moins pas les féministes mainstream dont le discours woke nous inonde quand on est adolescente / jeune femme. Je ne me sentais absolument pas représentée par ces gens-là. Au même moment, je me suis dit « tiens, et si j’allais écouter les discours des fameux « fachos » pour voir un peu ce qu’ils disent ? ». On les censure tellement et on nous bourre tellement le crâne en nous disant que ce sont les grands méchants loups, que je n’avais jamais écouté leur discours directement pour me faire mon propre avis. Et bien je n’ai rien trouvé de choquant dans ce qu’ils disaient, c’était juste du bon sens et j’étais d’accord avec la majorité de leurs idées.

Au même moment, j’ai découvert le collectif Nemesis sur les réseaux quand elles ont fait le buzz à leurs débuts. Je me suis dit “enfin des filles que je comprends et qui me comprennent”. C’était le seul groupe de femmes à parler des problèmes réels que je rencontrais personnellement, et qui allaient me permettre d’en parler librement à mon tour. C’était le moment, je refusais d’attendre encore à regarder ma ville que j’aime tant pourrir, et laisser ma petite soeur et mes futurs enfants vivre dans ces conditions. J’ai donc contacté Alice Cordier et je me suis vite engagée.

Breizh-info.com : Vous avez mené une action lors de la venue de Jean-Luc Mélenchon à l’université, pouvez vous revenir dessus ? Que s’est-il passé ? Avez vous été violentée ?

Tout à fait. Nous avons appris une semaine auparavant que Louis Boyard et Jean-Luc Mélenchon venaient tenir une conférence à la fac de médecine de Nantes le 9 avril. L’occasion rêvée pour nous, qui adorons aller au contact de nos ennemis pour les mettre face à leurs contradictions. Nous voulions confronter Mélenchon sur ses propos sur le voile en 2010 (Jean-Luc Mélenchon – On n’est pas couché 24 avril 2010 #ONPC (youtube.com) à partir de 17min).

Les visages de Alice Georgeault et moi-même étant connus (nous sommes toutes les 2 porte paroles), nous avions prévu de rester à l’extérieur et d’interrompre la conférence en faisant irruption dans l’amphithéatre avec deux pancartes (voir photos) reprenant les propos de Mélenchon pour montrer son hypocrisie et son retournement de veste. D’autres filles étaient à l’intérieur de la salle pour filmer et déployer en plan B une banderole disant “islamogauchistes hors de nos facs”. Bien évidemment, le plan A a échoué malgré notre détermination. Nous avons réussi à berner une partie de la sécurité de l’amphi, puis nous avons couru jusqu’à la porte de l’amphi où nous nous sommes bien débattues contre 6 hommes de la sécurité, qui nous ont poussées, saisies et jetées dehors. C’est la secousse contre les portes que l’on entend dans la vidéo publiée par Nemesis et qui a quand même permis d’interrompre Mélenchon en plein discours. Cela nous a valu quelques égratignures.

Les filles à l’intérieur n’ont pas pu non plus déployer la banderole, donc nous avons attendu la fin de la conférence pour revenir à la sortie de la fac pour déployer tout ça. Alice et moi étions repérées à 500 mètres à la ronde, certains antifas sont donc venus vers nous et nous ont suivies en tentant de nous empêcher de revenir aux alentours de la fac, ce que nous avons réussi quand même. Et nous nous sommes pavanées avec nos pancartes et notre banderole au milieu des gens. Comme à leur habitude, les étudiants gauchistes et antifas nous ont reçues avec insultes, menaces, atteintes physiques. Nous avons été poussées, menacées, ils ont tenté plusieurs fois d’arracher et déchirer nos pancartes et ont fini par réussir, il y a eu des échanges de coups car nous ne nous sommes pas laissées faire. Nous avons également entendu au début “mais pourquoi les gens ne les frappent pas ?”. Une seule personne parmi toute cette masse est venue nous parler poliment et calmement. Le reste n’était qu’agressif et violent. Alors que nous reprenions juste des propos que leur maitre à penser, qu’ils venaient de voir, a tenu 14 ans auparavant.

Breizh-info.com : M. Mélenchon a appelé à ramener votre scalp, ce qui constitue une menace de mort. Avez vous déposé plainte ?

Nous y avons bien songé, mais au vu de l’humour utilisé et de la personnalité inateignable qu’est Melenchon, cela aura peu de chances d’aboutir. Nous recevons des menaces plus réelles et inquiétantes sur les réseaux mais également dans la vraie vie, nous préférons nous concentrer dessus quand nous en avons. Nous avons pu filmer cette incitation à la violence et la publier sur les réseaux, pour que les gens puissent voir le vrai visage de Mélenchon pour ceux qui ne le connaissaient pas encore, ce qui est déjà pas mal.

Breizh-info.com : Plus globalement, que pensez vous du fait que les universités françaises ouvrent leurs portes à M. Mélenchon ?

Personnellement, ça ne me dérange pas car je pense que chacun est libre de venir s’exprimer, qu’il pense comme moi ou non, je suis pour une liberté d’expression totale. Je trouve que ce n’est pas le rôle des universités d’accueillir des personnalités politiques, mais ça ne me dérangerait pas si elles invitaient TOUTES les personnalités politiques. Et le problème est là.

Le problème, c’est le parti pris des universités, elles sont clairement de gauche et ouvrent leurs portes à toutes les mouvances gauchistes, et uniquement à ça. Or, les universités sont des lieux d’étude, pas de politique, et sont censées être neutres et n’ont pas à montrer une préférence politique. Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui, je n’ai même pas souvenir que c’était le cas à ce point quand j’y étais il y a 8 ans. Aujourd’hui, je pense qu’on peut dire que les universités sont des outils de propagande pour la gauche où leur idéologie y est diffusée à foison. À Nantes, jamais Eric Zemmour, Jordan Bardella ou Marion Maréchal ne pourront venir faire une conférence. Quand bien même cela serait organisé, il y aurait trop de débordements causés notamment par les antifas (toujours très tolérants) pour que la conférence puisse se tenir. D’ailleurs, s’ils avaient tenu envers de jeunes gens les mêmes propos violents que Mélenchon a tenus à notre encontre, les journaux seraient sans doute déjà en train d’en parler. Ce qui n’est pas normal et intolérable ce sont ce déséquilibre et cette différence de traitement.

Breizh-info.com : Le combat féministe à Nantes a toujours été piloté par des associations ou organisations de gauche, voire gauchistes. L’arrivée de Némésis change-t-elle la donne ?

La gauche est tellement puissante à Nantes que je ne pense pas qu’on puisse dire qu’on change la donne pour l’instant, mais nous sommes présentes et ils le savent. Nous sommes plus que déterminées et nous avons bien l’intention de se faire entendre le plus possible. Lors de la manifestation féministe du 8 mars, journée internationale des droits de la femme (manifestation bien évidemment composée uniquement de groupes de gauche voire extrême gauche), ils s’attendaient à notre venue alors que nous n’étions pas là et n’avions pas prévu d’y être ! Ca nous fait plutôt plaisir de savoir qu’ils nous attendent et nous font même de la publicité en nous mentionnant sur des pancartes alors que nous n’y sommes même pas. Ca prouve que ce qu’on fait fonctionne puisqu’on retient l’attention, c’est déjà un bon début. Nous nous sommes fixé pour but de “harceler” Johanna Rolland et les élus de la ville de Nantes, sur X ou par des actions dans la rue, sur leur gestion catastrophique de notre ville et leur monstrueuse responsabilité dans les viols et agressions que subissent les nantaises et nantais. Johanna Rolland s’est vantée de son mandat, le 26 mars, en disant que la ville est féministe et qu’elle protège et prend soin de ses habitants. La veille au soir, à Beaulieu, une jeune femme de 23 ans se faisait violer, et elle n’a toujours pas eu un mot pour cette énième victime. C’est insoutenable. Nous tenons à ce qu’ils rendent des comptes et à ce que les gens ouvrent les yeux sur cette mairie irresponsable, pour les derniers qui ne les auraient pas ouverts. Nous y mettrons tous les moyens et le combat ne fait que commencer pour nous. En attendant, nous sommes une alternative aux groupes féministes de gauche à Nantes. Les consciences s’éveillent de plus en plus, la réalité s’impose aux gens et les idéologies de gauche vacillent de plus en plus car elles ne tiennent plus la route et les nantais s’en rendent compte petit à petit. De nombreuses filles rejoignent notre section et nous formons maintenant un groupe assez solide. Nous permettons aux filles désespérées et seules avec leurs idées, comme je l’étais il y a 3 ou 4 ans, de trouver un refuge, une vraie écoute et une vraie solidarité.

Breizh-info.com : Aujourd’hui, quelle est la réalité de la situation à Nantes ? Les femmes sont elles en danger et du fait de qui ? Des hommes ? Ou de certains types d’hommes en particulier ? Quels conseils avez vous à donner aux jeunes femmes ? Comment peuvent-elles vous contacter ?

La situation à Nantes aujourd’hui est catastrophique. Quand je me balade dans le centre ville, j’ai l’impression que c’est toujours pire que la veille. Parfois c’est lunaire, je n’arrive pas à comprendre comment ce qu’il se passe sous mes yeux (deals à la vue de tous, migrants qui errent, drogués qui hurlent) a pu arriver ici. Passé une certaine heure, et même parfois en journée, il est impossible pour une femme de se balader seule dans le centre-ville. Oui les femmes sont en danger, et souvent à cause d’un certain type d’homme. Evidemment que tous les hommes issus de l’immigration ne sont pas des violeurs et que ce n’est pas toujours le fait d’hommes issus de l’immigration, des hommes français sont également capables d’agressions et de viols, mais selon ce que je vois, ce que je vis, et selon beaucoup de témoignages de femmes mais aussi d’hommes, c’est plus rare. Au quotidien dans la rue, c’est en majorité par les hommes issus de l’immigration, de type nord africain, que nous sommes embêtées voire agressées. Il n’y a qu’à sortir et prendre les transports en commun pour le voir, rien de mieux que le réel pour s’en rendre compte. Ce sont des hommes issus de pays ayant une culture et une religion ultra patriarcale.

Ce sont des hommes qui débarquent de pays où ils n’ont jamais vu une femme sans voile, où ils n’ont jamais vu les jambes ou le décolleté d’une femme. Ce sont des hommes à qui on a appris que les femmes étaient inférieures à eux, qu’ils avaient des droits dessus et qu’ils pouvaient disposer de leur corps comme ils veulent. Ce sont des hommes à qui on a appris, pour les musulmans, que les lois islamiques sont au-dessus des lois de la République. Comment voulez-vous que ça se passe bien et que ça concorde avec notre pays où la femme est libre et s’est battue pour atteindre les mêmes droits que les hommes ? Ils ne deviennent pas féministes en passant la frontière, évidemment qu’à un moment ou un autre ça va coincer. Et les femmes le subissent de plein fouet. Je conseille aux femmes de se protéger au maximum, ne pas sortir seules, éviter les transports en commun en tout cas tard le soir, partager leur localisation, toujours avoir une bombe au poivre ou une alarme de poche sur soi, et surtout ne pas hésiter à porter plainte et parler de ce qu’elles vivent et dire les choses telles qu’elles le sont. Il est grand temps de lever ce tabou sur l’immigration. Oui ça nous pose problème, il faut le dire. Nous sommes également là pour écouter la parole des femmes qui en ont besoin.

Elles peuvent nous contacter sur nos réseaux sociaux, principalement instagram (@collectif.nemesis), nous avons également une page locale pour Nantes (@recrutement_nemesis_nantes, utilisée pour le recrutement de nouvelles militantes mais tout le monde peut nous contacter) et sur notre site internet : www.collectif-nemesis.com.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR

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