Michel Festivi
Ce dimanche 12 mai ont eu lieu les élections régionales anticipées au Parlement de Catalogne, les dernières remontant à 2021. La communauté autonome de Catalogne, région de 32 106 km2 et peuplée d’environ 8 millions d’habitants, avait décroché l’appellation de « nationalité » dans son statut d’autonomie, remanié par la loi organique du 19 juillet 2006.
Il s’agissait de renouveler les 135 députés locaux. En 2021 l’ensemble de tous les partis indépendantistes, du centre-droit à la gauche extrême, avaient obtenu la majorité absolue, à savoir plus de 68 députés, et c’était Pere Aragonès, le chef de la gauche catalane, L’ERC, qui s’était fait élire, avec beaucoup de difficultés d’ailleurs, Président de la Comunidad, les partis indépendantistes étant en réalité très souvent en désaccord. Au demeurant, Aragonès avait dû dissoudre, en mars, le parlement catalan, le budget ne pouvant pas être adopté. Ces élections de 2024 se sont déroulées dans un climat très différent. D’une part, Pedro Sanchez, le Chef du gouvernement socialo-communiste, est passé par les fourches caudines des indépendantistes en faisant voter par les Cortès, la loi d’amnistie, blanchissant ainsi tous les condamnés pour sédition, cette loi est en cours d’examen au Sénat. D’autre part, les commentateurs dits avisés, laissaient entendre que les Catalans souhaitaient tourner la page et que l’on s’occupe plutôt de leurs difficultés du quotidien, le coût de la vie, le chômage, l’accès au logement et aux soins, l’amélioration des transports en commun très défectueux autour de Barcelone, on l’a encore constaté ce dimanche.
Mais Carles Puigdemont, le grand gourou, après sept ans d’exil en Belgique, actuellement résident d’Argelès-sur-mer, perpétuel souffleur de braises et jeteur d’huile sur le feu, avait déclaré il y a quelques jours « l’unique option pour que Sanchez reste Premier ministre, est que Salvador Illa (le Chef du Parti Socialiste Catalan, le PSC allié au PSOE), ne soit pas Président de la Catalogne », bref, que les partis indépendantistes conservent la main, et que Sanchez continue de se soumettre, du pur chantage politique, mais qui avait parfaitement fonctionné jusque-là.
Finalement, avec une participation en hausse de 6,7% soit 57, 95% des électeurs inscrits, ce qui n’est quand même pas beaucoup, le parti socialiste de Catalogne dirigé par Illa, allié au PSOE est arrivé en tête avec près de 28% et 42 élus, 9 de plus qu’en 2021, suivi par le parti de Puigdemont, Junts avec 21,61% et 35 sièges, 3 de plus que précédemment. Quant à l’ERC, la gauche indépendantiste catalane, le parti du Président sortant Père Aragonès, elle subit une lourde défaite avec 13,68% soit 20 élus, 13 de moins qu’en 2021.
Aucun parti n’obtient la majorité absolue, et même aussi l’ensemble des partis indépendantistes réunis, contrairement à 2021, ce qui fait dire à certains que la Catalogne serait devenue ingouvernable. Puigdement, depuis Argelès-sur-Mer, a d’ores et déjà exigé de Pedro Sanchez de pouvoir gouverner « Il y a de la marge pour un gouvernement solide d’obédience nettement catalane », a-t-il déclaré depuis son fief. Mais l’ERC a fait savoir, pour le moment, qu’elle resterait dans l’opposition, compte tenu de sa lourde défaite et sans doute aussi d’une crise interne. Les tractations vont aller bon train, pour élire le Président du parlement et le Président de la Généralité, qui serait susceptible de former un gouvernement local. Peut-on envisager une alliance PSC/Junts ?
A droite, les visages étaient plutôt souriants paradoxalement. Le Parti Populaire, qui en 2021 était en pleine déconfiture, obtient 10,97 % et 15 sièges contre seulement 3 en 2021, mais on notera, que le parti centriste Ciutadans qui avait eu 6 sièges en 2021, ne se présentait pas. Le PP est le parti qui a le plus progressé. Vox, aussi est soulagé, il maintient ses 11 députés obtenus en 2021, avec 7,96%, et c’était alors la première fois que le parti de Santiago Abascal entrait au parlement catalan. La Catalogne est une terre de mission pour Vox et il s’en sort très bien, avec un PP au plus haut qui ne le concurrençait pas en 2021.
En tout cas, une chose est certaine, l’ensemble des partis indépendantistes font nettement moins bien qu’en 2021, mais aucune formation politique n’est en mesure de gouverner seule, et des alliances sont donc indispensables. N’oublions pas qu’aux Cortès, le parti Junts de Carles Puigdemont, avec ses 7 élus peut à tout moment faire tomber Pedro Sanchez. En 2021, il avait fallu des semaines et des semaines pour parvenir à un accord entre indépendantistes alors majoritaires. Quand sera-t-il cette fois-ci ? Beaucoup de commentateurs pensent que rien de positif n’arrivera avant les élections européennes du 9 juin ? Je serai donc amené, je pense, à vous en reparler.
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