Résultat : l’Union européenne est perçue comme la première cause d’ingérence étrangère en Slovaquie à hauteur de 39 % des sondés. Une ingérence décrite par le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) comme un procédé de manipulation de la part d'États ou d'acteurs non étatiques. Littéralement, « menace ou a le potentiel d'avoir un impact négatif sur les valeurs, les procédures et les processus politiques ».
Après l’UE, les ingérences pour la Slovaquie viennent des États-Unis à 38 % puis de la Russie à 36 %. La Pologne, la Hongrie, la République tchèque (les trois autres pays interrogés) placent la Russie en première place, respectivement à 63 %, 54 % et 44 %. Cependant, l’UE occupe une confortable deuxième place dans le classement des pays les plus « ingérants » à hauteur de 54 %, 49 % et 40 %, devant les États-Unis et la Chine ! Un résultat assez ironique, car l’Union européenne accuse ouvertement la Russie, mais aussi la Chine, d’ingérence, tel que le signale Rolf Nijmeijer, assistant de recherche et expert en désinformation russe auprès de l’EDMO. Selon lui, les Russes et les Chinois sont les principaux acteurs de l'ingérence étrangère dans l'Union européenne. Un rapport du SEAE en date de février 2023 avait fait état de manipulations étrangères de l’information au cours de l’année 2022 : 83 attribués à la Russie et 17 à la Chine.
Manipulation et chantage
« L’Union européenne ne voit pas pour elle-même l’ingérence qu’elle dénonce », réagit Jean-Paul Garraud, député européen RN, interrogé par BV. Ces pays de l'Est chérissent leur indépendance : « Il y a une ambiguïté, parce que d’un côté, ces pays veulent profiter de la manne financière de l’UE […] et de l’autre, ils ne veulent pas lui être inféodés, en Europe centrale en particulier. » De son côté, nous explique-t-il, « l'UE veut intégrer les pays, à condition d’avoir une certaine suprématie, une certaine direction et une certaine implication de plus en plus grande sur les politiques nationales ».
Jean-Paul Garraud dénonce, par ailleurs, la manipulation, la pression et le chantage exercés contre la Hongrie, tant qu’elle n’a pas obtempéré au diktat européen. Une pression qu’il qualifie clairement d’ingérence, créant une situation comparable à la Pologne qui résistait jusqu’à l’élection de Donald Tusk, mais qui est désormais beaucoup plus atlantiste. Jean-Paul Garraud abonde : « Une partie des Slovaques pointe une influence qui veut supplanter la politique nationale. Ils considèrent que l’Union européenne va au-delà de ce qu’elle devrait se permettre. » La Slovaquie a cette particularité d’avoir un Premier ministre en poste depuis le 25 octobre 2023, Robert Fico, qui a pris ses distances par rapport à la politique étrangère européenne. Fico avait déclaré, après sa victoire aux législatives, que « la Slovaquie et ses habitants ont des problèmes plus importants [à résoudre] que l’Ukraine ». Une position à l’inverse de la présidente de la Slovaquie, issue du parti européiste social-libéral Slovaquie progressiste et pressentie pour devenir la prochaine secrétaire générale de l’OTAN, comme le très européiste président roumain Klaus Iohannis. « Vous avez des gouvernements qui résistent et des gouvernements complaisants, comme la France, main dans la main avec von der Leyen », complète Jean-Paul Garraud.
Cette ingérence de l’UE mobilise : six personnes sur dix ont déclaré qu'elles se déplaceraient « probablement » ou « certainement » en juin, en Slovaquie, en Hongrie et en République tchèque. Soit davantage qu'en France où moins d'une personne sur deux compte se rendre aux urnes. Les plus mobilisés sont les Polonais : huit sur dix comptent voter. De quoi faire rêver les têtes de liste françaises.
Gabriel Decroix
https://www.bvoltaire.fr/pour-les-pays-du-visegrad-la-premiere-menace-dingerence-cest-lue/
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