Scholz ne dit pas, comme l’a fait son homologue français à plusieurs reprises, « La Russie ne doit pas gagner », propos qui, si l’on va au bout du bout du raisonnement et que l’on ne se contente pas d’être un simple commentateur de la situation géopolitique, implique que l’on doit tout faire pour que la Russie ne gagne pas. On se souvient des déclarations quasi va-t-en-guerre du Président français. Le 14 mars dernier, lors de son entretien donné à TF1 et France 2, il s’agissait, pour Macron, de « faire tout ce qui est nécessaire… » pour que la Russie ne gagne pas la guerre. Tout ? Pourquoi pas, mais c’est-à-dire ? Trois semaines avant, le 26 février, lors d’une conférence de presse, à l’issue d’un sommet européen, il avait pris tout le monde de court en annonçant qu’un déploiement de troupes occidentales ne devait pas être « exclu ». Propos qui avaient été immédiatement désavoués par ses homologues européens et même par le secrétaire général de l’OTAN. La paix ? « Faire la paix est un risque », avait lancé Macron, le 28 mai, dans un discours, alors qu'il recevait à Münster le Prix international de la paix de Westphalie.
L’Allemagne et son très rébarbatif et besogneux chancelier n’ont pas ce genre de fulgurances, rodomontades et autres fanfaronnades. L’Allemagne qui, du reste, dans ce conflit, n’a pas de leçons à recevoir de la France puisqu’elle est le troisième contributeur occidental après les États-Unis et l’Union européenne : 300 milliards d’euros depuis le début de la guerre, en février 2022 ! Mais l’Allemagne pragmatique qui envisage de réduire de moitié ces aides, contraintes budgétaires obligent. S’ajoutent à cela les contraintes politiques intérieures pour Scholz avec la poussée, aux dernières élections régionales, des populistes, défavorables à l’aide à l’Ukraine.
Du côté de la France, depuis deux mois, sur la question ukrainienne, c’est, semble-t-il, le silence radio – en tout cas, médiatiquement parlant –, notre Président ayant eu fort à faire. D’une part après ses Trafalgar et Bérézina électorales, pour reprendre les mots de notre chroniqueur Dominique Jamet, d’autre part pour tenir son rang de grand ordonnateur des Jeux olympiques. On ne peut pas être partout. In fine, que risque-t-il d’arriver, lorsque le moment sera venu (et ce moment semble venu pour Scholz), de se mettre autour de la table des négociations ? Que la France, décrédibilisée par un Président plombé par son inflation verbale et réduit aux acquêts en son palais, n’ait à se contenter d’un strapontin à la table des négociations et de miettes lorsqu’il s’agira de penser reconstruction et gros sous. Comme d'habitude ? Sauf si - il n'est pas interdit de rêver - Zelensky, se souvenant d’avoir été fait grand-croix de la Légion d’honneur par son grand ami Macron, a un minimum de reconnaissance...
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