mardi 3 septembre 2024

Un sujet tabou : le destin de la France

 

Un sujet tabou : le destin de la France (1/1)

Notre monde connait un bouleversement qui va probablement mettre un terme à une hégémonie occidentale qui remonte à plus de cinq siècles. Certains y verront un péril, d’autres une évolution logique des choses. D’autres, enfin, commencent à se poser la question de leur propre devenir dans cette nouvelle architecture.

Caractérisée par une domination des puissances maritimes, cette ère finissante voit arriver le développement  des puissances continentales qui ont décidé de s’organiser entre-elles. Afin de ne plus dépendre exclusivement du transport maritime, ces continents, partout ou cela parait possible, recherchent les moyens s’y substituer. D’où ces nombreux projets de voies ferrées rapides, de gazoducs et de pipe-line qui vont permettre de mettre en place un flux quasi-continu de marchandises à l’intérieur du bloc continental formé par l’Eurasie et l’Afrique.

Une évolution capitale

Les dirigeants de l’Angleterre, puissance maritime dominante du XIXème siècle, avaient compris que, pour continuer à régner sur le monde, il était nécessaire de faire en sorte que les pays du continent européens ne puissent jamais se réunir sur le plan économique et que l’Ouest devait être isolé de l’Est, d’où les guerres des XIXème et XXème siècle sur le sol européen.

Le « rideau de fer » décidé fin 1944 à Yalta, découlait directement de cette politique d’isolement forcé.

De Gaulle avait compris que l’avenir de la France souveraine passait par une « Europe des nations et des patries » s’étendant « de l’Atlantique à l’Oural »

Pour ce faire, il fallait mettre un terme à l’influence anglo-américaine et retrouvrer la liberté de nos actions. La France pourrait ainsi établir des liens économiques avec tous les pays du monde, et en particulier la Russie. Il voulait s’affranchir de la logique des « deux blocs » qui caractérisait l’après-guerre. La disparition de l’URSS en 1991 a consacré l’hégémonie occidentale en rompant l’équilibre précédent. Plutôt que de s’orienter vers un monde de co-existence entre les différents continents et leurs nations souveraines qui les composaient, l’ élite occidentale a préféré la mise en place d’un monde globalisé dirigé par un gouvernement mondial dont le choix des membres lui appartiendra.

Une réaction prévisible

Le monde non-occidental a vite compris qu’il était vital pour lui de trouver une autre voie. La cupidité de l’élite financière mondialiste leur en a fourni le moyen.

 Ce fut la désindustrialisation de l’Occident au profit des pays en voie de développement qui ont vite compris le parti qu’ils pourraient en tirer.

La toute puissance du dollar due à son statut de monnaie internationale, alors qu’il était depuis 1971 dépourvu de toute valeur intrinséque qui eut limité sa création donnait aux Etats-Unis un « avantage exorbitant » déjà dénoncé par de Gaulle. Il était dès lors parfaitement prévisible qu’il allait devenir la cible de ceux qui aspiraient à une autre configuration mondiale.

Les premiers signes sont apparus aux alentours de 2005, avec les premières associations de pays.

Les BRIC (Brésil Russie Inde et Chine) furent rejoints par l’Afrique du Sud et devinrent les BRICS.

L’OCS (Organisation de Coopération de Shangaï) purement politique au départ évolua vers l’économie et l’ Union Économique Eurasiatique (UEE) Russie-Biélorussie-Kazakhstan-Arménie-Kirghizistan fut créée en 2015.

Au total, ces associations représentent plus de 80% de la population mondiale.

Une élite occidentale résolument mondialiste

Il paraît évident que le monde redevient  divisé comme du temps de la guerre froide. La différence vient de ce que l’élite mondialiste ne veut pas de concurrent qui pourrait faire échouer son plan de domination mondiale alors qu’il était sur le point d’aboutir.

 Or, ces deux conceptions sont diamétralement opposées et exclusive l’une de l’autre. Les uns veulent un gouvernement mondial, lequel ne peut-être mis en place qu’après la disparition des nations et des souverainetés populaires qui on permis de les créer, alors que les autres veulent le retour de ces souverainetés nationales. Ils veulent également que ce monde soit articulé autour des continents et de leurs pays référents.

Les premiers veulent un monde « monopolaire » alors que les seconds aspirent à un monde « multipolaire ». L’analyse des chiffres montre que le rapport des forces est du coté du monde multipolaire et que son avènement devient chaque jour un peu plus probable. Mais les élites occidentales (élites qui ne le sont devenues que parce qu’elles étaient mondialistes au départ) semblent décidées à tout pour s’y opposer.

Leur problème est qu’elles doivent leur pouvoir aux peuples qui leurs ont confié. Issues de la démocratie qu’elles ont toujours prôné, il va être difficile d’expliquer pourquoi les peuples n’auront plus leur mot à dire. Car le véritable clivage est entre ces élites mondialistes qui veulent régner sans partage et les peuples qui veulent continuer à exercer une souveraineté souvent chèrement acquise.

Et la France dans tout ça ?

L’ensemble de nos dirigeants politiques restent muets sur ce sujet. Pensent-ils qu’il est trop complexe pour l’aborder directement?

Peut-être qu’eux-mêmes sont partagés

Ou bien que le peuple n’a pas à être tenu informé afin d’éviter tout malentendu?

Quant à nos médias « main stream» leur choix est fait depuis longtemps et il est de tout ignorer.

Evidemment, ne pas poser les problèmes évite de les résoudre. On pourrait cependant penser que, dans un pays qui se targue d’être démocratique, le peuple français soit consulté sur un choix qui peut se révèler crucial pour son avenir.  Un vrai débat après un exposé de la situation actuelle devrait d’ores et déjà être engagé. Il est vrai que ce débat rejoint celui qui n’a plus jamais été abordé depuis le référendum de 2005 portant sur le projet de traité constitutionnel dans lequel, déjà, on pouvait percevoir la fracture entre l’élite mondialiste partisane d’une Europe fédérale et un peuple attaché à sa souveraineté. Aujourd’hui, les mondialistes sont devenus des « progressistes » et les souverainistes des « populistes »

Or, ce monde multipolaire devient chaque jour un peu plus une réalité. Le 27 août, ce sont plus de 120 pays qui ont participé au forum international des municipalités BRICS.

Alors que se dessine un monde nouveau très différent, nos élites politiques semblent figées dans ce qui va bientôt appartenir au passé. Ce sont toujours les mêmes sujets éculés qui reviennent avec les mêmes mots comme le « clivage droite-gauche », l’insécurité ou le pouvoir d’achat qui, pour importants qu’ils soient, sont tous largement surplombés par cette nouvelle géopolitique mondiale qui se met en place sous nos yeux. Les grands conflits qui font la une de l’actualité par leurs images-choc ne sont  que l’émergence d’un combat qui se livre sans bruit contre l’hégémonie de l’Etat profond américain et son arme la plus puissante qui est le dollar.

Tôt ou tard, le peuple français devra choisir son camp et il est probable que ce ne sera pas celui des élites.

Jean Goychman 

Crédit photo : DR
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