Le parti conservateur Georgian Dream, au pouvoir en Géorgie depuis douze ans, a remporté les élections parlementaires du samedi 28 octobre avec 54 % des voix, soit 89 sièges. Bien que le scrutin ait été déclaré libre et équitable par la commission électorale, les alliances pro-Bruxelles, qui ont obtenu 38 % des voix et 61 sièges, contestent les résultats en les qualifiant de « volés ». Cette victoire de la ligne souverainiste et conservatrice a entraîné des critiques de la part de dirigeants l’Union européenne, menaçant d’entraver la candidature de la Géorgie à l’adhésion européenne, tandis que l’opposition pro-européenne prépare des manifestations.
Contexte et réactions
Le Premier ministre géorgien, Irakli Kobakhidze, a salué ce qu’il qualifie de « victoire impressionnante » et a accusé l’opposition de « saper l’ordre constitutionnel ». De son côté, la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili a appelé la population à protester, qualifiant les élections de « fraude totale » et d'« opération spéciale russe », une déclaration qui accentue la fracture entre pro-européens et souverainistes en Géorgie.
La réaction des responsables européens ne s’est pas fait attendre. Charles Michel, président du Conseil européen, a exhorté les autorités géorgiennes à enquêter sérieusement sur les allégations de fraude électorale, précisant que la question serait abordée lors du prochain sommet de l’UE. La France et l’Allemagne ont également souligné que la Géorgie devait prouver sa volonté de rester sur la « voie européenne », laissant entendre que son parcours vers l’adhésion pourrait être compromis si elle ne s’y conforme pas.
Les relations tendues avec l’UE
Georgian Dream est fréquemment qualifié de « pro-russe » par les critiques européens en raison de son refus d’imposer des sanctions contre Moscou et de sa volonté d’entretenir des relations pragmatiques avec la Russie voisine. Le parti soutient aussi des valeurs conservatrices et des lois traditionnelles, notamment une loi controversée visant les ONG et médias recevant des financements étrangers. Bien que cette loi s’inspire de dispositifs similaires en Occident, elle est perçue par les opposants comme une influence russe.
Le parti au pouvoir a également adopté une loi dite « anti-propagande LGBT », affirmant vouloir protéger les valeurs familiales traditionnelles. Ces positions lui ont valu les critiques des milieux libéraux occidentaux, mais il a également attiré le soutien de certains gouvernements européens, notamment la Hongrie.
Soutien de la Hongrie et résonances régionales
Le gouvernement hongrois, qui partage des positions conservatrices similaires, a félicité Georgian Dream pour sa victoire. Viktor Orbán, Premier ministre hongrois, a exprimé son soutien en déclarant que « le peuple géorgien sait ce qui est le mieux pour son pays » et a critiqué les pressions de Bruxelles. Péter Szijjártó, ministre des Affaires étrangères de Hongrie, a déclaré que les critiques de Bruxelles et des médias étaient « rien de nouveau », affirmant que le parti souverainiste géorgien « orienté vers la paix et la famille » avait obtenu un mandat clair de la part des électeurs.
La réaction de Bruxelles face à la victoire de Georgian Dream pose des questions sur le respect des choix démocratiques des nations candidates. Le soutien de la Hongrie souligne également une fracture au sein de l’Europe, entre les pays qui partagent les valeurs conservatrices de la Géorgie et ceux qui militent pour un alignement plus étroit sur les standards libéraux de l’UE.
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