En Allemagne de l’Est, les grandes formations politiques maintiennent une ligne de séparation stricte envers l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), un parti de droite qui a pourtant recueilli une part significative des suffrages dans les États de Saxe, de Thuringe et de Brandebourg. Ce refus de collaborer avec l’AfD complique la formation de coalitions gouvernementales et freine le fonctionnement politique régional.
Les partis traditionnels, de l’extrême-gauche au centre-droit, ignorent ainsi la volonté des électeurs exprimée lors des récentes élections. Ils cherchent à former des gouvernements de coalition malgré leurs désaccords, ce qui se révèle ardu et peu productif. Le parti conservateur CDU, qui verrait naturellement l’AfD comme un allié potentiel vu les résultats électoraux, évite cependant tout rapprochement, craignant d’être stigmatisé pour son association avec un parti considéré comme « extrémiste » par les services de renseignement intérieurs allemands.
Face à cette impasse, la CDU s’est tournée vers les partis de gauche, car le FDP, d’orientation libérale, n’a pas réussi à entrer au parlement des trois États de l’Est en septembre. En Saxe, les discussions entre la CDU, les sociaux-démocrates (SPD) et le mouvement de gauche nationaliste Bündnis Sahra Wagenknecht (BSW) ont échoué le 6 novembre en raison de divergences sur la guerre en Ukraine, la migration et le budget. La cheffe du BSW, Sahra Wagenknecht, prône une solution diplomatique au conflit en Ukraine et s’oppose à l’envoi de missiles à longue portée demandés par Kyiv, une position qui contraste avec celle de la CDU, fermement favorable à un soutien militaire.
La CDU se retrouve donc sans réelle option de coalition si elle continue d’exclure l’AfD. La coalition précédente avec le SPD et les Verts n’a pas obtenu de majorité suffisante, et un gouvernement minoritaire avec le SPD est irréalisable sans le soutien du BSW ou de l’AfD. Cependant, le BSW en Saxe a exprimé une volonté de former une alliance minoritaire avec la CDU, malgré le faible nombre de sièges en commun, une démarche qui risque d’être rejetée par le SPD.
Michael Kretschmer, ministre-président de Saxe pour la CDU depuis sept ans, a assuré qu’il ferait tout son possible pour constituer un gouvernement stable, mais sans préciser comment il y parviendrait. Connu pour ses positions nuancées sur le conflit ukrainien, Kretschmer a plaidé pour des solutions diplomatiques et une réduction des envois d’armes vers l’Ukraine.
Le temps presse : la constitution exige l’élection d’un ministre-président dans les quatre mois suivant les élections, sous peine d’organiser un nouveau scrutin. Or, la moitié de ce délai est déjà écoulée.
Les discussions sont tout aussi tendues en Thuringe et au Brandebourg, où le BSW maintient son exigence d’une approche pacifiste en Ukraine dans ses négociations avec la CDU et le SPD. Au Brandebourg, les sociaux-démocrates ont, semble-t-il, pris en compte ces revendications en se montrant critiques vis-à-vis du stationnement de missiles en Allemagne.
Dans ce contexte de tensions politiques, l’avenir de la gouvernance dans les États de l’Est allemand reste incertain, tandis que le refus d’une collaboration avec l’AfD continue de mettre en péril la stabilité des institutions locales.
Les partis traditionnels sont fâchés avec la démocratie, mais leur temps semble compté.
Photo d’illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire