Haïti, Algérie, Afrique, cette « victimisation explicative » qui tourne au ridicule [L’Agora]

 

Notre récent article sur la dette d’Haïti et les commentaires qui ont suivi sont la triste illustration d’une incroyable dérive de nombreux pays en faillite permanente : la victimisation explicative.

En Algérie, si une conduite de gaz explose, faute d’entretien, dans une rue de Béjaïa, il y aura toujours un responsable local pour affirmer que « c’est la faute de la France ». Ou mieux : « c’est la faute de la France et d’Israël« , un peu de suivisme pro-palestinien et de jalousie maladive envers un état qui a réussi peut toujours rapporter localement quelques sympathies islamistes.

Car le FLN au pouvoir en Algérie depuis 1962 sait qu’il peut toujours détourner la légitime colère populaire à son encontre en convoquant le fantôme de la « France coloniale » qui « a un plan secret pour que l’Algérie ne devienne pas le grand pays qu’il est » et autres fadaises. Plus c’est gros, plus ça marche !

La triste vérité est que l’Algérie ne vit que sur les acquis de la colonisation, n’arrive pas à s’assumer elle-même, est gangrenée par la corruption, la prévarication, l’incompétence et le FLN. Quant à sa jeunesse, elle ne rêve que d’avoir un visa pour émigrer chez l’ancien colonisateur détesté. Schizophrénique ! Ses cadres dirigeants conchient la France à longueur de discours mais se font soigner en France, scolarisent leurs enfants dans les écoles françaises et se dépêchent d’émigrer en France en cas de disgrâce lors d’une N-ième purge au sein de l’Armée.

Par contre, sa population et notamment sa jeunesse est entretenue dès le plus jeune âge dans la croyance que « la France leur doit l’immigration ».  Les Algériens n’ont simplement pas compris que la situation française avec ses aides sociales et ses trains qui arrivent (presque) à l’heure n’est possible que parce que ce pays est habité et dirigé par des Français. Et que si les Algériens viennent en masse, ils construiront en France… une nouvelle Algérie ! C’est à dire un nouveau et infâme shit hole. Bonne nouvelle : avec LFI au pouvoir cette « Algérianisation de la France » pourrait encore arriver plus vite ! Car LFI c’est le FLN ! Votez LFI, vous aurez un second FLN à Paris et prochainement la momie Mélenchon à la place de la momie Bouteflika !

A part certains intellectuels locaux qui alertent depuis longtemps leur population sur les dangers de cette victimisation permanente, il n’y a aucune lumière qui ne semble venir d’Algérie. Aucune remise en cause.

Mais cette victimisation permanente n’est pas l’apanage de l’Algérie. Récemment un correspondant européen en Afrique me soulignait le rapport particulier des jeunes diplômés locaux avec l’argent. Une fois acquis leur diplôme, ces jeunes croient, en effet, qu’ils vont avoir tout l’apanage du nouveau riche : la grosse voiture, la femme blanche, les vêtements de marque mais sans fournir le moindre travail. Il existe une croyance locale comme quoi « on ne sait qui » (la compagnie qui vous emploie ? L’Etat ? Dieu ? Les extra-terrestres ?) vous fourni automatiquement, une fois le diplôme en poche, tout un tas d’attributs bling-bling qui attestent de votre nouveau statut social et ENSUITE vous commencez à travailler. Mon correspondant, qui est enseignant, a beau leur expliquer que ce n’est pas comme ça que ça marche, ils n’en démordent pas.

Et, bien entendu, s’il y a désillusion, si le réel ne correspond pas au mythe, c’est la faute des Occidentaux ! Immanquablement ! Car le pays « regorge de richesses » mais « il est pillé par les Occidentaux ». Alors que « si on leur laissait les clefs des infrastructures créées par les Occidentaux, l’Afrique dominerait le monde et blablabla ». Par contre, avant de mettre les mains dans le cambouis, « on ne sait qui » doit fournir les clefs de la Ferrari et les lunettes de soleil Dolce & Gabbana pour aller crâner un peu en brousse.

Arrive en suite dans le discours des déçus, la litanie des complots contre le Mali, la Côte d’Ivoire ou autre Congo. La France, les Etats-Unis, l’ONU n’auraient que ces pays en tête et ourdiraient de « sombres cabales » pour les garder dans un état de délabrement avancé pour d’obscures raisons faites de coups de billards à 36 bandes. Car, bien évidemment, si le Mali par exemple n’était pas « contrôlé en sous-main » par tous les malfaisants (immanquablement blancs), le peuple malien composé de « lions invincibles » étonnerait le monde et serait même « plus riche et puissant que les Etats-Unis ». Ne riez pas, c’est très exactement ce qu’on lit sur des comptes comme celui-ci. Fait croquignolesque : pour ces optimistes, désormais le Mali, le Congo ou la Centrafrique « traitent d’égal à égal » avec la Chine qui, elle, va faire « décoller l’Afrique » et « révéler ses potentiels ». Ils ont connus, à une certaine époque, la Francafrique, quelque chose me dit qu’il la regretteront quand ils auront compris ce qu’est réellement la Chinafrique !

Et derrière ces calembredaines pour enfants de 5 ans, il y a toujours de « fabuleux gisements de pétrole » ou de diamants enfouis quelque part qui « guiderait les Occidentaux dans leur volonté de garder tel ou tel pays sous leur coupe ». C’est d’ailleurs ce qu’à affirmé maladroitement le pauvre élu LFI Sébastien Delogu récemment avec l’extravagante histoire comme quoi Israël voulait annexer Gaza en raison de mystérieux « gisements » (de quoi ?) qui se trouveraient dans son sous-sol, sans parler de « la vache en or » qui doit être retrouvée par Tsahal. Cerise sur le loukoum : tout cela a été révélé au député LFI par des « chercheurs » dans le cadre des « travaux qu’il a effectué à l’Assemblée Nationale ».

Le complot, toujours le complot ! Bizarrement cette tendance n’existe pas dans les anciennes « démocraties populaires » pillées d’un côté et soutenues à bout de bras d’un autre par le grand frère soviétique jusqu’en 1989. Aujourd’hui, la plupart de ces pays sont des pays développés même quand leurs infrastructures ont été détruites par des années de guerre, je pense par exemple à la Serbie. Eux ne couinent pas en permanence, cherchant ailleurs des responsabilités à leur malheur. Eux se sont retroussés les manches.

Malheureusement, cette propension a trouver des responsabilités « en Occident » au sous-développement chronique et à la nullité des pays du Tiers-Monde est une tendance générale qui devient affolante. Aucune remise en cause personnelle, aucun début de construction d’un modèle endogène qui permettrait à l’Afrique et au Moyen-Orient, les « hommes malades du monde », de se sortir de leur faillite endémique. Et de leur dépendance à l’aide internationale (=occidentale) et aux virements Western Union. Narratif unidirectionnel, victimaire, pleurnichard partagé aujourd’hui par beaucoup d’immigrés de ces pays vivant en Occident.

Pire encore ! Une tendance a émergé depuis quelques années en Afrique Noire : l’appropriation historique ! En gros, l’Europe, les Etats-Unis, l’Egypte ancienne, la station spatiale internationale peut-être, tout cela était « autrefois peuplés par des Noirs », jusqu’au plus profond des forêts scandinaves et étaient, bien entendu, de grandes nations développées. Mais les Blancs sont arrivés et se sont « tout appropriés, génocidant » au passage les Noirs locaux. D’ailleurs, tous les grands personnages historiques blancs étaient, en fait, des Noirs : Jeanne d’Arc (à noter que pour les activistes transgenres, elle était « une femme trans », c’est à dire un homme déguisé), William Shakespeare (qui était même « une femme noire » !), etc…

Heureusement qu’il y a des images d’archives sinon De Gaulle, Einstein et Picasso y passaient aussi !

On ne comprend pas pourquoi les Africains  « qui avaient construit l’Occident développé » n’ont pas réitéré la performance une fois revenus en Afrique mais bon…

Au regard de ce double auto-enfumage « structurel », à l’échelle de populations entières, il n’y a aucun moyen pour ces pays de sortir de leur sous-développement. A moins que des élites locales entament courageusement le début d’une prise de conscience sur la responsabilité des peuples du Tiers-Monde dans leur propre malheur…

On peut toujours rêver !

Mathurin Le Breton

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