mercredi 13 novembre 2024

Immigration et criminalité : le malaise italien en chiffres

 

Immigration et criminalité : le malaise italien en chiffres

En Italie, les débats autour de l’immigration se heurtent à une réalité dérangeante : la corrélation entre immigration et criminalité violente. Si les jeunes issus de l’immigration sont complaisamment présentés par les médias centraux comme intégrés (ou en passe de l’être), les données statistiques disent tout autre chose. Elles montrent une surreprésentation des étrangers dans les violences sexuelles, les meurtres et les délits impliquant des mineurs. Adriano Scianca fait le point.

Le 2 juin est un jour férié en Italie. On célèbre la Journée de la République, en souvenir du référendum de 1946 par lequel les Italiens ont abandonné la monarchie. Il est donc très significatif qu’en 2022, à une date aussi symbolique, l’Italie ait ouvert les yeux sur un phénomène déjà incontrôlable : celui des gangs d’origine nord-africaine. Ce jour-là, à Peschiera del Garda, charmante station balnéaire de Vénétie surplombant le lac de Garde, quelque 2 000 jeunes, pour la plupart d’origine maghrébine, se sont rassemblés en meute pour célébrer la République à leur manière, après s’être mis d’accord sur TikTok. Dans les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, où le rassemblement était annoncé, il avait été baptisé : « L’Afrique à Peschiera del Garda ».

La situation a rapidement dégénéré : cris, musique forte, attitudes agressives, vols, bagarres, vandalisme, ivresse. Dans des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, souvent par les émeutiers eux-mêmes, on voit aussi des jeunes danser sur des voitures. Le maire de la municipalité voisine de Castelnuovo a déclaré qu’il s’était lui aussi retrouvé au milieu de certains participants, qui auraient crié des phrases telles que : « Nous sommes venus reconquérir Peschiera. C’est notre territoire, l’Afrique doit venir ici. » Après cette journée de violence, de cris et de vandalisme, la joyeuse troupe s’est déversée dans la gare, où beaucoup, venus de Lombardie, ont pris d’assaut le premier train disponible dans des conditions épouvantables, sans que les autorités n’interviennent pour éviter une issue qui était déjà écrite.

Des zones de non-droit

Six filles, âgées de 16 et 17 ans, se sont retrouvées à bord du train régional reliant Peschiera del Garda à Milan. L’histoire est digne d’un film d’horreur : « Nous étions encerclées. La chaleur était suffocante, certaines d’entre nous se sont évanouies. Alors que nous cherchions un contrôleur, en nous débattant dans les wagons, une agression sexuelle a eu lieu. Tous riaient, en nous disant : “Les femmes blanches ne montent pas ici” », racontent-elles.

Ces vandales, ces harceleurs, ces anti-Italiens de Peschiera del Garda sont les « nouveaux Italiens » pour lesquels, même récemment, la gauche locale réclame une acquisition plus facile de la citoyenneté, voire directement un droit du sol complet. Et ce, alors que l’Italie détient déjà le record des citoyennetés accordées à des étrangers : 22 % du total de l’UE. L’Italie compte 1,3 million de mineurs issus de l’immigration, dont 300 000 ont la nationalité italienne et environ un million une nationalité autre qu’italienne. Ils représentent 12 % des résidents âgés de 0 à 17 ans. Une loi soutenue par le Parti démocrate rend non expulsables les mineurs non accompagnés débarqués en Italie. Et souvent, en l’absence de papiers, ce sont les jeunes immigrés eux-mêmes – avec la complicité des ONG qui leur expliquent ce qu’il faut faire et dire – qui déterminent leur âge. Par coïncidence, ils ont tous 17 ans…

Ils vivent principalement dans le centre et le nord de l’Italie, où le tissu industriel a attiré une immigration plus ancienne, et où ceux qui viennent d’arriver tentent encore de s’installer. Ils représentent 13,2 % des mineurs dans le centre, 14,9 % dans le nord-est et 15,8 % dans le nord-ouest, alors qu’ils n’atteignent pas 5 % dans le sud et les îles. L’incidence est beaucoup plus élevée dans les grandes villes. À Milan, les quartiers que les Italiens fuient sont Baggio, Quarto Oggiaro, Gratosoglio, Barona, Corvetto et San Siro. Mais la criminalité impliquant des immigrés est de plus en plus fréquente, même dans le centre, à l’ombre des gratte-ciel chics. À Turin, ce sont les habitants de Barriera, Falchera, Porta Palazzo, Aurora, Valdocco qui doivent supporter les joies de la diversité. À Rome, un vaste no man’s land s’étend autour de la gare Termini, en plein centre-ville, et englobe le quartier de l’Esquilino. À Torre Spaccata, un habitant sur trois est étranger ; à Grottarossa, un sur quatre ; et à Casetta Mistica-Torrenova, 24 %.

La farce d’une délinquance à la papa

Dans la rhétorique journalistique, les jeunes issus de l’immigration sont tous parfaitement intégrés, avides de lasagnes, parlant le dialecte de leur ville de résidence et ayant dans leur garde-robe les maillots des équipes de football italiennes : tous « Italiens de fait », mais pas assez souvent des « Italiens de papier ». Quelle injustice ! La réalité est cependant différente. Selon les données du ministère italien de l’Intérieur, recueillies par la chercheuse Francesca Totolo, qui travaille depuis de nombreuses années à faire la lumière sur les délits liés à l’immigration et a récemment publié un livre sur le sujet, La vie des femmes compte, (Le vite delle donne contano. Lola, Pamela e Desirée, quand l’immigrazione uccide, Francesca Totolo, Altaforte edizioni, Roma, 2024), les auteurs étrangers de violences sexuelles représentaient 59 % du total dans la tranche d’âge comprise entre 14 et 34 ans. Par ailleurs, en 2023, 26 % des meurtres de femmes impliquaient un étranger. Sur les 165 meurtres de femmes dont l’auteur est connu, 43 ont été commis par des immigrés. Au 15 janvier 2024, 254 étrangers étaient détenus dans les 17 établissements pénitentiaires italiens pour mineurs, soit 51,2 % du total.

Impossible de cacher ces statistiques, de dissimuler des événements comme ceux de Peschiera, de masquer les batailles rangées entre bandes de rappeurs étrangers. Même la presse grand public, sans renoncer quand il le fallait au mythe du « nouvel Italien », a dû finalement mettre un nom sur ce phénomène devenu trop visible. Le coup de génie médiatique a été de transformer les gangs d’immigrés en une sorte de sous-culture inoffensive, comme s’il s’agissait de punks ou de hippies. À commencer par le nom. En fait, le terme d’argot « maranza » s’est imposé. L’origine du terme n’est pas claire, mais il semble qu’il s’agisse de la contraction de « marocchino » (marocain) et de « zanza », qui en dialecte milanais signifie « petit voleur ». Un mot déjà connoté dans un sens ethnique donc, mais rendu inoffensif par des reportages dont le trait stylistique dominant est l’euphémisation.

Un célèbre musicien italien, Fabio Rovazzi, a même écrit une chanson très « sympa » qui leur est dédiée, intitulée Maranza. Pour la promouvoir, il a mis en scène un faux vol de son téléphone portable par un jeune Maghrébin.

© Photo : Pashamba / Shutterstock. Migrant près de la gare Rome-Termini.

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