Combat royaliste 65
Par Philippe Germain
Le retour DU politique à l’international fait soudainement prendre conscience qu’une seconde idéologie alternative à la pensée dominante démocratico-libérale s’élabore outre-Atlantique.
Dans les années 1980, le courant d’idées « communautarien »avait découvert la communauté comme alternative à la pensée dominante. Produisant une conception de la sociabilité autour de la justice sociale, du bien commun, de la place de l’homme dans la cité, ce courant s’ancra dans le communautarisme chrétien d’un public restreint. Puis, de 2002 à 2007, la revueThe Américain Conservative élabora une idéologie « paléo-conservatrice » autour d’un nationalisme favorable aux droits des États, aux valeurs chrétiennes, à l’isolationnisme mais hostile tant à l’immigration qu’au « Nouvel ordre mondial » des néo-conservateurs militaristes et mondialistes.
Parallèlement, une large mouvance « populiste » se développa au travers d’un réseau informel de micro-associations issues de la classe moyenne. Elles recoururent à la technique de propagande de la révélation tapageuse des scandales de l’Établissement libéral. Par leurs luttes à la base, les petits blancs convergèrent alors avec la mouvance évangéliste, pour en 2016 faire triompher le populiste Donald Trump. Celui-ci dut faire face à l’appareil d’État, passé aux mains de l’aile la plus à gauche du parti démocrate sous les deux présidences Obama. Ce qui sonna le glas du populisme reposant uniquement sur quelques idées simples et radicales de réforme.
En 2024, Trump est réélu triomphalement mais sur une base idéologique renouvelée. L’expérience Trump 1 a démontré que l’État fédéral, nuisible aux intérêts du peuple américain, est devenu irréformable. Il faut donc démanteler des pans entiers du monstre étatique au profit des cinquante États de l’Union pour leur rendre leurs compétences. Une telle « révolution national-conservatrice » nécessite une solidité idéologique que le catholique pratiquant James David Vance apporte en se revendiquant d’une ligne post-libérale proche de l’illibéralisme hongrois et se reliant « aux grands ancêtres Thomas Jefferson et Andrew Jackson en faveur d’un gouvernement fédéral limité, financièrement économe, et d’un isolationnisme soucieux d’éviter les conflits internationaux » (Gilles Varange, NRU n°78) mais aussi se revendiquant clairement anti-wokiste. L’originalité de ce national-conservatisme est sa capacité à hybrider tradition et modernisation technologique. À sa thématique traditionnelle dépeinte par l’immense majorité des médias comme un vestige du passé, s’amalgame Elon Musk le libertarien patron de SpaceX, prophète de la colonisation de l’espace. Il a fait de l’ex-Twitter le refuge de la liberté d’expression. Elon Musk, dirigeant maintenant le département de l’efficacité gouvernementale, a commencé à suspendre l’USAID, Aide internationale des États-Unis pour le développement. Il va réexaminer et revoir les priorités de toutes les agences de l’État.
Communautarienne, paléo-conservatrice, populiste, la nouvelle l’idéologie américaine semble stabiliser sa mutation dans un national conservatisme fusionnant tradition et modernité. Très différent de l’islamisme, ce modèle cohérent de valeurs américaines oubliées constitue une alternative à l’idéologie démocratico-libérale. Pourtant, rien ne prouve que la métamorphose de l’idéologie alternative américaine ne soit achevée car James David Vance n’est pas insensible au très confidentiel courant de pensée néo-réactionnaire (ou NRx) dit des « Lumières obscures » qui défend un nouveau modèle politique, le néo-caméralisme, (hommage à Frédéric II de Prusse) définissant une manière de gouverner inspirée du monde de l’entreprise avec des micro-États organisés comme des start-ups dont le capital serait détenu par des actionnaires. Une tentation à surveiller du coin de l’œil.
https://www.actionfrancaise.net/2025/03/11/combat-royaliste-65/
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