L’Euro a été mis en place
dans une zone qui n’a jamais été optimale. Les têtes plates qui ont
justifié sa création mentaient. Il s’agissait d’utiliser la monnaie pour
détruire les Etats et asservir les populations.
Depuis
qu’une nouvelle crise a démarré en 2008, les “piliers” de la monnaie
unique européenne se sont effondrés les uns après les autres :
interdiction de renflouer un pays ; indépendance de la Banque Centrale
Européenne ; affirmation qu’il n’y aurait pas de restructuration des
dettes publiques, ou pas de sorties de la zone. Maintenant, chacun voit
que la finance pousse à accomplir l’union pour survivre. Elle affirme
que le seul choix réside dans l’accomplissement d’une union budgétaire
et politique et en conclue qu’il faut faire partager les dettes. Mais
pourquoi leur obéir? Car la dette n’est qu’un des problèmes de l’Europe.
Il faut aussi tenir compte du vieillissement des populations, de la
financiarisation, des inégalités, de la compétitivité, etc….
Le Groupe de Francfort
Lorsqu’un
dirigeant grec a proposé, en novembre 2011, un référendum sur le plan
de “sauvetage” qui était imposé à son pays, la réaction des "élites
européennes" a consisté à créer un nouveau cabinet: Le Groupe de
Francfort, qui réunit des représentants de la France, de l’Allemagne, de
la BCE, du FMI et de la Commission Européenne. Ce quintette a organisé
les putsch en Italie et en Grèce, plaçant des petits fonctionnaires de
l’imposture économique à la tête des Etats, afin que l’oligarchie
continue à parasiter en toute quiétude. Car les politiques de création
monétaire que la BCE a commencé, pour imiter la banque centrale
américaine, vont déboucher sur l’inflation qui certes amortit les dettes
mais détruira les retraites telles qu’elles existent ainsi que le
niveau de vie des classes moyennes.
Le Groupe de Francfort Un but contre son camp?
Les
parlements, en Grèce comme ailleurs - Bundestag, Paris - votent tout
ce que veut le pouvoir financier à condition d'échapper à de nouvelles
élections et de profiter du système aussi longtemps que possible. Le
parlement grec a donc fini par approuver le gouvernement qui va
paralyser l'économie grecque. La Grèce ne peut vendre aux étrangers que
du tourisme. Les Grecs ne peuvent importer que s'ils ont du crédit.
S'ils n'en ont pas, ils ne peuvent plus rien importer et doivent
produire eux-mêmes ce dont ils ont besoin. Mais pour cela aussi il
faudrait du crédit afin de s'équiper en machines et de créer des
entreprises. En conséquence, la misère va s'étendre, et cela est le sort
de tous les pays européens si on ne change pas les gouvernants
actuellement en possession d’Etat. Ce qui reste de richesse en Europe,
va tomber entre les mains des nouveaux nababs issus du monde entier -
Emirats arabes - Chine, etc. - avec la bénédiction des cuistres de
l’Union Européenne.
L'Euro se maintient parce que l'on coule
Alors
que l’Europe a besoin de croissance, les plans d’austérité la font
plonger dans un marasme permanent. Le bon maintien de l’Euro est
justement la preuve que la volonté de détruire l’Europe est à l’œuvre.
Qui peut croire que les mesures d’austérité vont maintenir la puissance
du continent? Comment penser sérieusement que la Grèce peut s’en sortir
en mettant à contribution les banques privées qui abandonnent une partie
de la valeur de leurs créances? La BCE, qui achète des titres sans
valeur, copie désormais la Fed en créant de la monnaie. Et cela sans fin
prévisible….
Partout
il faut s’attendre à une baisse du niveau de vie, afin de s’ajuster aux
conditions internationales, dumping légal provenant des produits
fabriqués dans des pays à bas salaire. Sans dévaluation de l’Euro,
plusieurs pays, dont le Portugal et l’Espagne, n’ont pas d’avenir car
leurs produits ne sont pas compétitifs. Seules les banques s’en sortent
grâce aux prêts du FMI à l’Europe et grâce à la prise en charge par
l’Europe des dettes de certains Etats.
Jacques Sapir
Comme
toujours, on ne s'en prend qu'aux dépenses de l'Etat et absolument rien
n’est prévu pour faire redémarrer l'économie. Dans toute la zone Euro
les gouvernements réduisent les dépenses publiques, rackettent
fiscalement les classes moyennes en chute libre et les entreprises
continuent de fermer car elles délocalisent leur production. On
s’enfonce dans le néant, et les grands penseurs officiels ou officieux
montrent leurs limites: tête vide de solutions alternatives mais poches
pleines….
Reconstruire
Toutes
les élites non stipendiées convergent vers la même solution : sortir de
l’Euro, créer une monnaie commune, modifier les règles financières pour
que la collectivité émette sa monnaie, que certaines techniques
spéculatives soient interdites et, surtout, que l’on sorte du piège
tendu par le fameux triangle de Mundell. Puisqu’il est impossible de
mener une politique monétaire indépendante lorsque les mouvements de
capitaux sont libres et les taux de change fixes, c’est le mouvement
inutile de capitaux inutiles qu’il importe d’encadrer. De feu Maurice
Allais à Jacques Sapir, des économistes libéraux allemands aux
Espagnols, tous ceux qui pensent en faveur du bien commun se rejoignent
dans cette gamme de solutions. On a sous nos yeux la preuve la plus
flagrante de la tyrannie de la supra société globalitaire : comme les
vieilles badernes, ses membres sont incapables de changer; comme les
primates, ils se tapent sur la poitrine pour enseigner leur vanité
creuse ; comme les cagots, ils s’accrochent à leurs superstitions
monstrueuses. Périsse le peuple plutôt que d’accepter d’écorner leur
cagnotte. Tout ce spectacle de la médiocrité serait divertissant s’il ne
débouchait sur la mort de toute l’Europe.
On
ne peut aider la Grèce ou quelqu’autre pays que ce soit, sans sortir de
l’Euro. On peut aider les populations pour supporter la transition vers
la sortie. Comme l’explique Jacques Sapir, il convient de mettre un
point final à la crise actuelle en pratiquant ce que fait la Banque
centrale américaine : acheter les obligations émises par les Etats.
Cette politique, sur cinq ans, donnerait le temps nécessaire à la mise
au point de la nouvelle solution: la monnaie commune. Cependant, il faut
penser à remplacer le personnel, décidément trop répugnant, afin de
donner une opportunité aux élites preoccupées par la construction d’une
maison commune européenne.
Auran Derien http://metamag.fr
Pour aller plus loin:
Jacques Sapir : Faut-il sortir de l’Euro? Le Seuil, 2011
Jason Manolopoulos : La dette odieuse. Les leçons de la crise grecque. Ed. Les Echos/Pearson, 2011.
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