lundi 17 décembre 2012

Illusion dirigiste et rapport Gallois

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Commenté, et critiqué avant même d'avoir été divulgué, délégitimé par le gouvernement qui l'avait commandé avant même d'avoir été remis, encensé par les uns jeté à la poubelle par les autres sans même qu'ils en aient pris connaissance, le rapport Gallois du 5 novembre 2012 ne passera sans doute jamais l'épreuve de la lecture.
Tant mieux diront les admirateurs de La Fontaine et de Chateaubriand car les 74 pages de cet ennuyeux pensum s’éloignent dangereusement du bonheur des Trois Mousquetaires. Comme il se doit, ce texte digne de la stagnation brejnevienne est écrit en langue de bois.
Tant pis penseront ceux qui soupiraient après cette occasion, une fois de plus manquée, d'une prise de conscience des réformes nécessaires pour ramener ce pauvre pays à une logique plus raisonnable, loin de l'étatisme envahissant, asservissant et abrutissant.
Il m'a donc fallu hélas lire de bout en bout ces folios. Fort heureusement plusieurs d'entre eux sont demeurés vierges de toute tache d'encre selon la règle typographique dite de la belle page (1)⇓. On trouve quand même 22 propositions destinées, selon leurs auteurs, à enrayer la glissade, enrichir l'industrie, et pour tout dire à sauver la France.
Un personnage de Marcel Aymé fait observer à ce propos une objection judicieuse et fondamentale : "sauver la France ? sauver la France ? mais qui est-ce qui va garder mes vaches ?"
Ce questionnement s'applique très précisément au transfert des charges que, pour redresser les grandes entreprises industrielles, notre ex grand patron des usines à gaz étatiques, entend faire payer, finalement par "les autres" c'est-à-dire au bout du compte par nous, pauvres gueux, taillables et corvéables. Comme d'habitude, au nom du patriotisme s'il vous plaît.
J'ai dû lire quelque part que quelqu'un jugeait cela "ultralibéral". Ou j'ai mal lu, ou l'auteur de ce jugement n'a rien lu, ni du texte lui-même ni des classiques de l'économie.
Je crois au contraire que nous nous égarons en plein au royaume des "illusionnistes de gauche" (2)⇓. Nous nous retrouvons en présence de l'illusion dirigiste par excellence, dans la définition de l'État par Frédéric Bastiat, "la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde." (3)⇓
C'est du 11 juillet, lendemain du discours de clôture de la grande conférence sociale de juillet que date la lettre de mission de Jean-Marc Ayrault, adresse à Louis Gallois, commissaire à l'investissement. Quel titre ! Tout un programme ! Assisté e deux collaborateurs, ils ont mis deux mois et demi pour pondre ce tissu de pétitions de principes
Tout pourrait être soupesé dans ces textes révélateurs de ce qui ne marchera pas, à l'évidence, dans cette volonté de réindustrialiser la France à tout prix.
Tout d'abord si les branches dites industrielles de l'économie française sont passées au-dessous de la barre des 20 %, cela ne date pas d'hier. On parlait déjà de la tertiarisation des économies occidentales dans les années 1960.
Et si on doit souhaiter que de nouvelles fabrications de type "vieille industrie", mais aussi pourquoi pas "artisanat traditionnel" et mieux encore "métiers d'art" puissent apparaître et se développer dans la patrie de Bernard Palissy, on ne voit pas pourquoi ceci devrait se faire au détriment d'autres activités. Plus rentables pour les investisseurs, comportant une plus haute valeur ajoutée au bénéfice des salariés, se révélant plus conformes aux compétences des nationaux, etc. d'autres professions n'ont aucune raison de supporter la décharge des activités que l'on cherche à protéger, à subventionner, à chouchouter de manière arbitraire et stérile.
Sur la plus importante question qui se pose ici, celle du “protectionnisme”, en parallèle avec "l'interventionnisme" un de mes correspondants me demande si je me sens en accord avec Jacques Garello. La réponse est que je ne me sens pratiquement jamais en désaccord avec les représentants de la pensée "autrichienne".
D'autre part, je crois important de souligner que les charges que l’étatisme, la redistribution et les gaspillages publics
font supporter à l’économie productive de biens et de services (et pas seulement l’industrie) pénalisent et même tuent la compétitivité donc l’emploi et les perspectives d'embauche. Les transférer ne sert à rien : il faut les diminuer radicalement.
Dans le rapport Gallois je note que la baisse des dépenses publiques est mentionnée comme nécessaire "à moyen terme", ce qui permets de l'évacuer.
On lit ainsi : "La réduction de la dépense publique devra être mise à contribution pour prendre, à terme, pour une part, le relais de la fiscalité. Elle ne peut se substituer à cette dernière à court terme mais doit être engagée et cadencée, car elle permet à moyen terme, de réduire la pression fiscale et donc de soutenir la compétitivité. Il conviendra de l’aborder dans ces trois dimensions – État, collectivités territoriales et Sécurité sociale." Cela figure page 28. Bravo, quoqiue curieusement rédigé. Mais sur les 22 propositions, laquelle ouvre-t-elle la moindre porte à un tribut plus léger, à une libération fiscale et sociale, c'est-à-dire à une réduction substantielle du périmètre de l'État ? aucune, comme d'habitude.
À quoi cela sert-il ? À rien. Sinon à jeter de la poudre aux yeux. À ouvrir le parapluie de la baisse des dépenses, sans jamais y croire.
À noter que Christian Saint-Etienne, a pu estimer à 32,7 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires ce que le programme Hollande, coûtera aux entreprises entraînant la destruction de 200 000 à 300 000 emplois. (4)⇓
Que veut dire, alors, en regard, cette réduction annoncée de 20 milliards ?
Le rapport Gallois se veut un pacte social à conclure avec les bureaucraties syndicales. Hélas, même "les syndicats s'inquiètent des conséquences du rapport Gallois." (5)⇓
On peut relever dans les préconisations du rapport que 15 mesures sur 22 renforcent l'intervention publique.
Que l’État omniprésent cesse d’abord de nous étrangler, après on verra s’il peut nous protéger.
Je pense en fait que nous n’aurons pas besoin de ses services.
Qu’il commence par guérir les écrouelles et par remplir quelques tâches régaliennes, celles qui précisément sont de plus en plus à l’abandon, qu’il cesse de prétendre éduquer nos enfants, traire nos vaches, etc.
La France en crève. 
JG Malliarakis http://www.insolent.fr
Apostilles
  1. règle de présentataion de la maquette d'un livre où chaque chapitre commence en page impaire.
  2. cf. le petit livre de Claude Fazier d'une terrible actualité
  3. cf. "Harmonies économiques" page 17
  4. cf Le Figaro du 25 mai 2012
  5. cf. Le Monde.fr avec AFP le 5 novembre 2012

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