Commenté, et critiqué avant même d'avoir été divulgué,
délégitimé par le gouvernement qui l'avait commandé avant même d'avoir été
remis, encensé par les uns jeté à la poubelle par les autres sans même qu'ils
en aient pris connaissance, le rapport Gallois du 5 novembre 2012 ne
passera sans doute jamais l'épreuve de la lecture.
Tant mieux diront les admirateurs de La Fontaine et de
Chateaubriand car les 74 pages de cet ennuyeux pensum s’éloignent
dangereusement du bonheur des Trois Mousquetaires. Comme il se doit, ce texte
digne de la stagnation brejnevienne est écrit en langue de bois.
Tant pis penseront ceux qui soupiraient après cette occasion,
une fois de plus manquée, d'une prise de conscience des réformes nécessaires pour
ramener ce pauvre pays à une logique plus raisonnable, loin de l'étatisme
envahissant, asservissant et abrutissant.
Il m'a donc fallu hélas lire de bout en bout ces folios. Fort
heureusement plusieurs d'entre eux sont demeurés vierges de toute tache d'encre
selon la règle typographique dite de la belle page (1)⇓. On trouve quand même 22
propositions destinées, selon leurs auteurs, à enrayer la glissade, enrichir
l'industrie, et pour tout dire à sauver la France.
Un personnage de Marcel Aymé fait observer à ce propos une
objection judicieuse et fondamentale : "sauver la France ?
sauver la France ? mais qui est-ce qui va garder mes vaches ?"
Ce questionnement s'applique très précisément au transfert des
charges que, pour redresser les grandes entreprises industrielles, notre ex
grand patron des usines à gaz étatiques, entend faire payer, finalement par
"les autres" c'est-à-dire au bout du compte par nous, pauvres gueux,
taillables et corvéables. Comme d'habitude, au nom du patriotisme s'il vous plaît.
J'ai dû lire quelque part que quelqu'un jugeait cela
"ultralibéral". Ou j'ai mal lu, ou l'auteur de ce jugement n'a rien
lu, ni du texte lui-même ni des classiques de l'économie.
Je crois au contraire que nous nous égarons en plein au royaume
des "illusionnistes de gauche" (2)⇓. Nous nous retrouvons en présence de l'illusion dirigiste par excellence,
dans la définition de l'État par Frédéric Bastiat, "la grande
fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout
le monde." (3)⇓
C'est du 11 juillet, lendemain du discours de clôture de
la grande conférence sociale de juillet que date la lettre de mission de
Jean-Marc Ayrault, adresse à Louis Gallois, commissaire à l'investissement.
Quel titre ! Tout un programme ! Assisté e deux collaborateurs, ils
ont mis deux mois et demi pour pondre ce tissu de pétitions de principes
Tout pourrait être soupesé dans ces textes révélateurs de ce
qui ne marchera pas, à l'évidence, dans cette volonté de réindustrialiser la
France à tout prix.
Tout d'abord si les branches dites industrielles de l'économie
française sont passées au-dessous de la barre des 20 %, cela ne date pas
d'hier. On parlait déjà de la tertiarisation des économies occidentales dans
les années 1960.
Et si on doit souhaiter que de nouvelles fabrications de type "vieille
industrie", mais aussi pourquoi pas "artisanat
traditionnel" et mieux encore "métiers
d'art" puissent apparaître et se
développer dans la patrie de Bernard Palissy, on ne voit pas pourquoi ceci
devrait se faire au détriment d'autres activités. Plus rentables pour les
investisseurs, comportant une plus haute valeur ajoutée au bénéfice des
salariés, se révélant plus conformes aux compétences des nationaux, etc.
d'autres professions n'ont aucune raison de supporter la décharge des activités
que l'on cherche à protéger, à subventionner, à chouchouter de manière
arbitraire et stérile.
Sur la plus importante question qui se pose ici, celle du
“protectionnisme”, en parallèle avec "l'interventionnisme" un de mes
correspondants me demande si je me sens en accord avec Jacques Garello. La
réponse est que je ne me sens pratiquement jamais en désaccord avec les
représentants de la pensée "autrichienne".
D'autre part, je crois important de souligner que les charges
que l’étatisme, la redistribution et les gaspillages publics
font supporter à l’économie productive de biens et de services (et pas
seulement l’industrie) pénalisent et même tuent la compétitivité donc l’emploi
et les perspectives d'embauche. Les transférer ne sert à rien : il faut les
diminuer radicalement.
Dans le rapport Gallois je note que la baisse des dépenses
publiques est mentionnée comme nécessaire "à moyen terme", ce qui
permets de l'évacuer.
On lit ainsi : "La réduction de la dépense
publique devra
être mise à contribution pour prendre, à terme, pour une part, le relais de la
fiscalité. Elle ne peut se substituer à cette dernière à court terme mais doit
être engagée et cadencée, car elle permet à moyen terme, de réduire la pression
fiscale et donc de soutenir la compétitivité. Il conviendra de l’aborder dans
ces trois dimensions – État, collectivités territoriales et Sécurité
sociale." Cela figure page 28.
Bravo, quoqiue curieusement rédigé. Mais sur les 22 propositions, laquelle
ouvre-t-elle la moindre porte à un tribut plus léger, à une libération fiscale
et sociale, c'est-à-dire à une réduction substantielle du périmètre de
l'État ? aucune, comme d'habitude.
À quoi cela sert-il ? À rien. Sinon à jeter de la poudre
aux yeux. À ouvrir le parapluie de la baisse des dépenses, sans jamais y
croire.
À noter que Christian Saint-Etienne, a pu estimer à
32,7 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires ce que le programme
Hollande, coûtera aux entreprises entraînant la destruction de
200 000 à 300 000 emplois. (4)⇓
Que veut dire, alors, en regard, cette réduction annoncée de 20
milliards ?
Le rapport Gallois se veut un pacte social à conclure avec les
bureaucraties syndicales. Hélas, même "les syndicats s'inquiètent des
conséquences du rapport Gallois." (5)⇓
On peut relever dans les préconisations du rapport que 15
mesures sur 22 renforcent l'intervention publique.
Que l’État omniprésent cesse d’abord de nous étrangler, après
on verra s’il peut nous protéger.
Je pense en fait que nous n’aurons pas besoin de ses services.
Qu’il commence par guérir les écrouelles et par remplir
quelques tâches régaliennes, celles qui précisément sont de plus en plus à
l’abandon, qu’il cesse de prétendre éduquer nos enfants, traire nos vaches,
etc.
Apostilles
- règle de présentataion de la maquette d'un livre où chaque chapitre commence en page impaire. ⇑
- cf. le petit livre de Claude Fazier d'une terrible actualité ⇑
- cf. "Harmonies économiques" page 17 ⇑
- cf Le Figaro du 25 mai 2012 ⇑
- cf. Le Monde.fr avec AFP le 5 novembre 2012 ⇑
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