La cause est entendue : si la mère d’Adam Lanza n’avait pas possédé
d’armes à feu, le massacre dans cette école du Connecticut dont le monde
entier, horrifié, a découvert l’existence pour l’occasion, n’aurait
jamais eu lieu. Ah bon !
Sans cette gorgone faite génitrice, Adam Lanza aurait été un jeune
garçon comme les autres qui n’aurait jamais eu envie de zigouiller qui
que ce soit. Rah bon !
Quel dommage fils si malheureux ait eu la très mauvaise idée de la
trucider en premier… Si au moins elle avait survécue, elle aurait pu
être clouée au pilori de l’infamie citoyenne… Faute de mère indigne, les
tenants de l’interdiction de posséder des armes à feu en sont réduits à
diaboliser des mentalités, un système, des traditions… On sent bien
qu’ils enragent de ne pas tenir dans leurs serres médiatiques une
victime expiatoire qu’ils pourraient charger de tous les péchés
mortifères.
Rien ne vaut un Néron, un Napoléon, un Hitler en chair et en os… Même
en jupon, ça fait l’affaire à merveille. Au diable le féminisme !
Alors, depuis la tragédie, ce ne sont qu’images de familles éplorées,
suivies d’appels à interdire toute détention d’armes, de témoignages de
témoins rescapés, suivi d’appels à abolir la loi autorisant l’achat
d’armes, de photos de l’école envahie de policiers et même de militaires
(bien que le tueur ait mis fin à ses jours, sans doute des fois qu’il
la rejoue mort-vivant), de rappels dénonciatoires que les États-Unis
autorisent les ventes d’armes, de la venue sur place du président Barack
Obama, de condamnations obsessionnelles de la libre circulation des
armes à feu, etc. etc. en boucle et toujours… La machine médiatique à
formater les cerveaux est lancée à fond, brocardant méthodiquement des
millions de tueurs en liberté, tous prêts à massacrer toute
concentration humaine sans défense et de préférence enfantine…
Ces millions de tueurs sont les propriétaires d’armes à feu. Eux et
eux seuls. Pas un commentaire, jamais, pour soumettre la possibilité,
éventuellement, que les responsables d’une tuerie comme celle de cette
école élémentaire de Sandy Hook soient d’abord ceux qui côtoyaient de
près ou de loin Adam Lanza et qui ne se sont pas inquiétés plus que ça
de ce garçon « (qu’)on remarquait parce qu’il ne parlait à personne
et (qui) donnait l’impression d’avoir des difficultés à se connecter
avec le monde extérieur. »(1)
Si sa mère porte une responsabilité dans le drame, c’est à l’évidence
par une évidente inattention au comportement de son enfant… Qu’elle ait
tenté de lui faire partager sa passion du tir n’a pas fait de lui un
dingue, il l’était ! Et s’il n’y avait pas eu d’armes à feu chez lui, à
sa portée, nul doute qu’il en aurait trouvé… ou trouvé d’autres moyens –
ils sont innombrables ! – pour mener son sanglant rodéo dont on ne sait
toujours pas, de la vengeance ou de l’acte existentiel, quelle en a été
la véritable motivation.
Que l’on sache, la vente d’armes à feu n’est pas librement autorisée
au royaume de Norvège… Cela n’a guère semblé gêner le sieur Anders
Behring Breivik de faire un carton d’été assez spectaculaire sur l’île
d’Utøya, en juillet 2011, à l’occasion d’un camp de la ligue des jeunes
du Parti travailliste : 77 morts et 151 blessés…
La vente d’armes n’est pas non plus librement autorisée en France…
mais 17 assassinats ont endeuillés la seule Île de Beauté en 2012
(l’année n’est pas terminée), ni ces quatre ou cinq dernières années, où
une quinzaine de meurtres par an y ont été commis.(2)
En 2011, 20 règlements de comptes ont été recensés dans les
Bouches-du-Rhône (29 victimes dont 16 morts), dont 15 à Marseille (23
victimes dont 13 morts)… Quant à La Kalachnikov « (elle) a quitté
les terres de guérilla pour coloniser nos banlieues “sensibles”. Elle
est devenue l’arme à posséder pour contrôler l’économie souterraine.
Marseille n’est pas en reste, en témoigne le nombre de réglements de
comptes avec ce type d’arme. »(3)
Mais bien sûr, il s’agit là de criminalité, diront les obsédés du
désarmement citoyen ; pas d’acte terroriste sur fond de folie
meurtrière… Dommage pour eux que le franco-algérien Mohammed Merah se
soit illustré dans le genre : sept victimes dont trois enfants et six
blessés…
De l’île d’Utøya à Toulouse jusqu’à Sandy Hook, quelles que soient
les facilitées pour cela, les tarés trouvent toujours à acquérir ce dont
ils ont besoin pour accomplir leurs pulsions meurtrières. Ils n’ont
jamais besoin d’une maman apprentie armurière pour cela. De parents
moins autistes, de proches plus attentifs, de médecins plus
professionnels, de professeurs des écoles plus responsables, si !
De médias moins manipulateurs aussi.
Philippe Randa http://francephi.com
Notes
(1) Selon les déclarations de la chauffeuse du bus scolaire qui a conduit l’intéressé au collège pendant plusieurs années, Libération, 16 décembre 2012.
(2) « La violence nationaliste (est) en effet peu meurtrière, si
on enlève certains épisodes de règlements de compte entre nationalistes.
La nouveauté, c’est qu’on tue beaucoup plus. Il y a une sorte
d’habitude, de “routinisation” des homicides, particulièrement en
Corse-du-Sud et dans la ville d’Ajaccio » , explique Xavier Crettiez, professeur de sciences politiques, Le Figaro, 17 novembre 2012.
(3) « Meurtres à Marseille : la cité phocéenne est-elle devenue le nouveau Chicago ? », www.lexpress.fr, 4 septembre 2012.
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