PARIS (NOVOpress Breizh) - En 1961, la philosophe Hannah Arendt est envoyée à Jérusalem par l’hebdomadaire The New Yorker pour
couvrir le procès d’Adolf Eichmann, poursuivi pour son rôle dans la
déportation des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Les articles
qu’elle publie et sa théorie de « la banalité du mal » vont déclencher
une controverse sans précédent. Au-delà de toute polémique sur la
question de la Shoah, la réalisatrice Margarethe von Trotta nous offre
avec « Hannah Arendt », son dernier opus, un superbe hymne à la pensée.
C’est en effet le seul but qui anime la philosophe, fidèle en cela
aux préceptes de celui qui fut son amant et son maître à penser, Martin
Heidegger : penser, quel qu’en soit le prix, sans tabou, ni parti-pris,
débarrassé de l’esprit de clan, des préjugés, des conventions, du
pathos. Une pensée authentique, née de l’observation, de l’écoute
attentive, de la mise en perspective des événements, sans déni du réel
quoique celui-ci nous révèle. Penser par soi-même, un exercice qui
passe par la solitude, l’étude, la réflexion, la concentration, dans le
silence de son bureau, ou au plus près de la nature, au cours de grandes
promenades méditatives.
On aurait pu craindre que cette exigence de pensée soit le fruit d’un
personnage austère voire antipathique… Il n’en est rien, bien au
contraire. Margarethe von Trotta nous montre une femme accomplie, forte
de sa notoriété, et qui ne cherche plus la gloire, aimée et aimante,
chaleureuse, entourée d’amis fidèles, d’étudiants fervents, et qui
apprécie la vie et ses plaisirs charnels. Hannah Arendt reçoit ses amis,
fume, arrose ses succès, polémique joyeusement en trois langues ; et
quand elle souffre, c’est avec retenue. C’est ainsi que sa pensée nous
touche et nous atteint car elle n’est pas désincarnée, contrairement à
ce que prétendent ses détracteurs. Autre leçon de ce film, la résistance
civile : pour ne pas sombrer dans la banalité du mal ou l’indifférence
consentante. A voir, absolument.
Herminaoned http://fr.novopress.info
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