lundi 17 juin 2013

Faire barrage à l’UMPS

Interrogé dans les colonnes du quotidien régional La Dépêche, le politologue Roland Cayrol expliquait quelques heures avant le premier tour de la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot,  générée par la démission de son ancien député-maire Jérôme Cahuzac, qu’il « (n’était) pas de ceux qui pensent que le FN engrange des voix dans la période que l’on traverse. Je l’ai souvent dit (…).Marine Le Pen fait en 2012, lors de la dernière élection présidentielle, un point de moins que son père et Mégret réunis dix ans avant. Ce n’est donc pas la vague annoncée. Il y aura un vote protestataire, on peut s’y attendre, et ce ne serait pas anormal qu’ils récoltent quelques points mais ça ne mettra pas je pense le FN en position d’arbitre au deuxième tour » (de la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). M Cayrol se trompait et avec lui les Etats-majors des partis du système qui  n’ont rien vu venir…ou trop tard.
 Hier, le jeune candidat du FN,  Étienne Bousquet-Cassagne, s’est qualifié pour le second tour de cette législative, avec  26,04 % des suffrages,  second derrière le maire UMP de Fumel, Jean-Louis Costes, (28,71 %), mais devançant de 740 voix le candidat socialiste Bernard Barral ( 23,69%).
 Du fait de la forte abstention  (54,12 % 37,31 % au premier tour de juin 2012), le candidat du PS n’a obtenu les suffrages que  de 10,35% des inscrits et ne peut donc de maintenir au second tour.
 Si en juin 2012, le FN avait recueilli  dans cette même  circonscription rurale 15,7% des voix  (avec 36% de taux d’abstention), la percée d’Étienne Bousquet-Cassagne dans un  scrutin dans lequel 17 candidats étaient en lice, est assez spectaculaire.  Le symbole est d’importance, il arrive en tête à Villeneuve-sur-Lot, commune dont M.  Cahuzac fut maire  de 2001 à 2012.
 Le coup est rude pour le PS qui enregistre son huitième échec consécutif à une élection législative  partielle depuis l’élection de François Hollande et  perd 23 points en un an dans cette circonscription !
  Un camouflet pour le chef de l’Etat, Jean-Marc Ayrault, et les huiles socialistes qui avaient fait le déplacement  à Villeneuve-sur-Lot pour soutenir  Bernard  Barral, à savoir  le premier secrétaire du PS Harlem Désir, mais aussi samedi dernier le ministre de l’Agriculture  Stéphane Le Foll (Agriculture) et paraît-il, le  ministre préféré des Français   Manuel Valls (Intérieur)…
 A contrario,  les visites de soutien  de Marine Le Pen,  Jean-Marie Le Pen et de Marion Maréchal dans la circonscription ont contribué utilement à mettre en lumière la campagne  dynamique menée par le FN et son candidat.
 C’est déjà dans ce département rappelons le , que  le FN avait réalisé en 2012 son meilleur score aux législatives, avec 17,9% des suffrages pour Etienne Bousquet-Cassagne dans la deuxième circonscription.
  Dix ans auparavant,  lors de la présidentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen y avait obtenu 18,91% des voix, devant Jacques Chirac et deux points au-dessus de sa moyenne nationale.
 Autant dire que l’heure est aux lamentations et aux menaces ce lundi matin devant la peur de voir un troisième député national entrer à l’Assemblée. Un risque que  Jean-François Copé, qui tenait une réunion publique vendredi soir à Villeneuve-sur-Lot, n’écarte  pas puisqu’il  sait  que Jean-Louis Costes a  réalisé le plus mauvais score de la « droite » dans le Lot-et-Garonne  lors des législatives de juin (38,52% au second tour).
 En plein déni, Jean-François Copé et François Fillon dans leur communiqué respectif pour saluer la qualification du candidat de l’UMP,  n’ont pas cité une seule fois le FN. Ils n’ont pas désapprouvé  non plus   le Front ripoublicain qui se met en place, et encore moins  les propos affligeants   de Jean-Louis Costes   qui  a appelé «tous les électeurs socialistes à se mobiliser contre le Front National ».  «  Le FN surfe sur (les)  peurs a-t-il ajouté. Il nous faut maintenant travailler pour regagner notre électorat. Les extrêmes ne sont pas une solution. On a vu où nous a conduit l’extrême droite au siècle dernier ».  Diffcile de faire plus con…venu.
 L’humaniste Costes a d’ailleurs remercié immédiatement le maire PS de Villeneuve, Patrick Cassany, d’avoir tout de suite appelé à l’union de  la gauche et de la droite  pour  faire barrage à l’élection d’Étienne Bousquet-Cassagne.
Une frousse haineuse qui s’est manifestée de manière assez pathétique et bien indigne dimanche soir puisque  des militants des partis du Système en lice étaient   au  coude-à-coude  pour siffler et  huer le jeune candidat frontiste lors de son arrivée à la mairie. Et à travers lui les électeurs qui lui ont  apporté leurs suffrages…
 Comme François Hollande, le PS dans un communiqué signé conjointement par  Harlem Désir et Christophe Borgel (secrétaire national aux élections), ou encore  le président du Parti radical de gauche (PRG), Jean-Michel Baylet, Bernard Barral a appelé au « Front Républicain », à  « faire barrage au Front National ».
 « Ce soir, j’ai mal à mon cœur et surtout à la France». « À titre personnel a-t-il expliqué je voterai UMP dimanche prochain. Ça me brûlera (sic), mais je le ferai pour la deuxième fois de ma vie. Je l’avais déjà fait en 2002» lors du deuxième tour de la présidentielle opposant Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, a-t-il dit.
 En attendant les « alliés » socialistes et écologistes se  déchirent déjà. Jean-Vincent Placé. , patron du groupe des  sénateurs EELV, a notamment remis  à sa place Bruno Le Roux, chef de file des députés PS, qui accusait la candidature écolo d’avoir entraîné l’échec au premier tour de Bernard Barral.
  «Le PS perd 14 790 voix en un an et les responsables sont vos partenaires ? C’est cette analyse qui est inexcusable». «Dans les partielles précédentes, le #PS fait -10, là -20 (points, ndlr): effet politique (du gouvernement) -10 effet #Cahuzac -10. Pas la peine de chercher bouc émissaire», a  asséné M. Placé sur Twitter
 De son côté,  Etienne Bousquet-Cassagne a bien résumé l’enjeu de ce second tour :  «Maintenant le choix qui se pose est très simple, soit les électeurs continuent avec l’UMPS, représentée ici par la seule UMP, ou soit ils font le choix de l’espoir, du changement, de l’espérance, et ça nous sommes les seuls à l’incarner au Front National»,
 Sur I-télé,  Le vice-président du FN en charge des questions stratégiques, Florian Philippot,  a appelé tout aussi  logiquement  « les abstentionnistes, les électeurs de gauche» à voter pour le FN, notamment pour protester contre «cette réforme des retraites totalement injuste» que le gouvernement n’a pas encore dévoilée, et contre « cette destruction des services publics en milieu rural».
 Nous pouvons en tout cas douter avec Bruno Gollnisch de la capacité des  tristes figures de l’UMPS  à mobiliser  un « peuple de gauche » éreinté par la politique euromondialiste du PS… sans changement avec celle de l’UMP.
 Les huit points obtenus à eux deux par les petits candidats d’EELV et du Front de Gauche, les 3% engrangés par Anne Carpentier (le parti d’en rire) , gérante du journal satirique villeneuvois La Feuille, qui a dénoncé quelques  turpitudes UMPS locales,  tomberont ils dans l’escarcelle du candidat UMP dimanche prochain ?
 Les électeurs socialistes de M. Barral voudront-ils élire un député UMP de plus ?  Une fraction des  électeurs de l’UMP, une fois la gauche éliminée,  ne sera-t-elle pas tentée de voter POUR SES IDEES , c’est-à-dire pour le candidat FN ? Les abstentionnistes de réveilleront ils au profit du parti de MM. Copé et Fillon ou voleront-ils au secours de la victoire du candidat FN ?
Réponse dimanche prochain au terme d’une semaine qui s’annonce intense dans cette circonscription !

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