Député UMP des Alpes-Maritimes de 2002 à 2007, Jérôme Rivière a rallié Marine Le Pen. Un itinéraire logique pour celui qui, en 2007, avait été le président du comité de soutien à la candidature de Philippe de Villiers à l’élection présidentielle et avait dirigé sa campagne pour les élections européennes de 2009.
C’est à lui que l’on doit d’avoir imposé en 2005, par un amendement à la loi Fillon d’orientation sur l’école – François Fillon était alors ministre de l’Education nationale dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin –, l’enseignement obligatoire de La Marseillaise à l’école primaire. Dès 2007, dans son ouvrage La droite la plus repentante du monde (éd. du Rocher), puis encore plus clairement dans un entretien à l’hebdomadaire Minute, il avait plaidé pour des accords entre l’UMP et le Front national.
Aujourd’hui membre du conseil stratégique de la campagne présidentielle de Marine Le Pen, Jérôme Rivière a été investi pour porter les couleurs du Rassemblement patriote, soutenu par le Front national, pour les élections législatives de juin dans la très droitière 6e circonscription du Var, celle de Brignoles. A Lyon, où il s’est exprimé lors des Assises présidentielles de Marine Le Pen, il a répondu aux questions de Caroline Parmentier et Samuel Martin, du quotidien Présent. C’est cet entretien que nous publions ci-dessous.
— Comment en êtes-vous venu à participer à la campagne de Marine Le Pen ?
— Sans appartenir au Front national, je soutiens la candidature de Marine Le Pen parce que l’heure est décisive pour notre pays. Elle est la seule candidate qui permet de conjuguer au futur l’identité et la souveraineté. Je viens de l’UMP, aujourd’hui dénommée Les Républicains, mais cette droite rabougrie a trahi ses promesses. Voyez l’Aide médicale d’Etat : en 2002 sa suppression figurait sur tous nos documents de campagne (et par exemple sur les tracts de François Fillon, alors candidat aux législatives). En 2006 j’ai déposé des amendements la concernant dans le cadre de la première loi sur l’immigration mais Nicolas Sarkozy s’est opposé à moi et les élus UMP n’ont pas voté ces amendements. Onze ans plus tard, ils viennent expliquer aux Français qu’ils vont tenir ces promesses, pourquoi les croire ?
— Quelle attitude ont vos anciens camarades de l’UMP vis-à-vis de vous ?
— Ils sont partagés entre la surprise et la curiosité. La surprise parce que, pour certains d’entre eux, franchir le pas publiquement leur paraît impossible. La curiosité : j’ai des appels de parlementaires ou d’anciens parlementaires qui m’interrogent. Leur grande question : quelle liberté de parole me laisse-t-on ? Je les rassure : Marine Le Pen se montre extrêmement respectueuse des idées des uns et des autres dès lors qu’on s’inscrit explicitement dans cette campagne qui est la sienne.
— Du coup, d’autres LR suivront-ils votre chemin ?
— Je l’espère. La campagne de François Fillon montre que la droite est racornie sur de tout petits privilèges qu’elle s’octroie aux dépens des Français. Cela suffira-t-il à libérer quelques consciences ? Après il ne sera plus temps de venir au secours de la victoire. Personnellement dès 2006 je ressentais que j’avais des valeurs communes avec le FN et j’étais pour des accords électoraux UMP-FN. Quand j’entends Fillon, je sais qu’il ne fait que réciter un discours. Quand Marine Le Pen dit qu’elle aime la France et qu’elle veut sortir le pays de l’ornière, sa sincérité ne fait aucun doute. Il est temps de faire le choix du courage.
Entretien paru dans Présent daté du 7 février 2017
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