Francis Bergeron Présent cliquez ici
Les passionnants « Cahiers d’histoire du nationalisme »publient leur quinzième livraison (déjà !). Elle est consacrée à l’une des figures les plus marquantes de la droite nationale, Jean-Pierre Stirbois. Un nom qui ne parle désormais qu’aux « anciens », puisque Stirbois nous a quittés, brutalement, il y a trente ans, laissant orpheline toute une génération de militants.
On dit que chacun se souvient de ce qu’il faisait le jour où il a appris que les twin towers avaient été percutées par des avions kamikazes pilotés par les islamistes, ou encore le soir des attentats de masse au Bataclan et dans le quartier République. C’est certainement vrai. Mais il y a aussi quelques Français qui n’oublieront jamais ce dimanche 6 novembre 1988 au matin, quand l’information est tombée : Jean-Pierre Stirbois avait trouvé la mort, quelques heures plus tôt, sur la route entre Dreux et Paris.
Malgré le caractère accidentel de cette disparition, le traumatisme fut considérable dans les rangs de la droite de conviction. Nous étions en effet au début d’un processus de résurrection du mouvement national, que Jean-Pierre Stirbois personnifiait à lui tout seul. En rejoignant les rangs encore modestes de ce Front national en phase ascensionnelle, créé une quinzaine d’années auparavant, Stirbois avait en effet engagé une « professionnalisation » du jeune parti, et l’avait rapidement propulsé à la première page de l’actualité politique. Les fruits de son travail militant avaient en effet été rapidement perceptibles : candidat aux élections législatives à Dreux (son lieu d’implantation familiale) en 1978, Stirbois y avait recueilli 2 % des voix, ce qui, pour l’époque, avait été considéré comme un résultat prometteur ! Puis, au fil de son investissement, il avait obtenu 8,5 % dès l’année suivante, à l’occasion des élections cantonales. Et en septembre 1983, c’était le fameux « effet Dreux » : une élection municipale partielle où la liste de celui qui était devenu, depuis 1981, le secrétaire général du Front national, réalisa une percée inattendue, recueillant 16,7 % des voix au premier tour. « Les loups sont entrés dans Paris », chantait Reggiani, et toute la gauche, atterrée, croyant revivre l’invasion germanique de juin 1940 !
Un drame personnel : le largage de l’Algérie française
Après fusion de listes, Stirbois va arracher la mairie de Dreux aux socialo-communistes, créant de ce fait un véritable tremblement de terre politique à l’échelle du pays. La suite est connue : c’est cette montée en puissance presque ininterrompue d’un courant qui domine aujourd’hui largement le paysage politique français.
Mais pour Jean-Pierre Stirbois, l’aventure politique s’est donc arrêtée un soir de novembre 1988, sur la côte de Pontchartrain. Très engagé dans une résistance française au largage de nos terres d’outre-mer – lui qui avait vécu comme un drame personnel l’abandon des départements français d’Algérie –, Stirbois revenait tout juste de Nouvelle-Calédonie où il avait passé dix jours intenses. Et ce 5 novembre au soir, c’est probablement à cause d’une extrême fatigue, au retour d’une réunion locale sur l’avenir de cette terre française du Pacifique sud, que Stirbois a eu ce tragique accident de voiture. Il avait 43 ans.
L’extrême efficacité d’un militantisme à la fois ferme et bienveillant
Le cahier sur Jean-Pierre Stirbois – De l’engagement solidariste à la percée du Front national, réalisé par Roland Hélie, raconte tout cela, l’engagement d’un homme, cette passion politique, l’extrême efficacité d’un militantisme à la fois ferme et bienveillant. Parmi ceux qui ont le mieux connu Jean-Pierre Stirbois, on trouve plusieurs collaborateurs réguliers de Présent, notamment Françoise Monestier et Philippe Randa. Ils témoignent dans ce livre. Témoignent aussi Roland Hélie (qui est l’animateur de la revue Synthèse nationale), Franck Buleux, responsable de cette collection des « Cahiers d’histoire du nationalisme », Alain de Benoist, Carl Lang, Jean-Claude Vallée, et beaucoup d’autres.
Un ouvrage pour les nostalgiques du FN des origines, pour ceux attachés aux images fortes de leur militantisme des années soixante-dix et quatre-vingt ? L’album du souvenir, pour ceux qui ont côtoyé, apprécié, admiré Stirbois ? Oui, sans doute, mais pas seulement.
Car ce document est d’abord l’histoire d’une passion politique à la formidable efficacité. Et à ce titre, il mériterait d’être lu (et même étudié !) par tous ceux qui ont ou recherchent ce type d’engagement. Sur ce plan, Stirbois reste une sorte de modèle intemporel des bonnes pratiques.
Jean-Pierre Stirbois – De l’engagement solidariste à la percée du Front national, Collectif, « Cahier d’histoire du nationalisme », n°15, 156 p., 2018.
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