dimanche 10 mars 2019

Transition écologique : l’enfumage présidentiel

Comme d’habitude, la mise en scène est soignée. Il s’agit d’associer à la « transition écologique » la jeunesse et donc l’avenir.
Le « jeune » Président promet d’aller plus vite, plus fort et plus loin pour répondre à l’inquiétude et à l’espérance de son jeune public, à qui l’on a seriné que la Terre était en danger et que chacun pouvait « sauver la planète » en y mettant du sien. 
Mais que signifie, en réalité, cette promesse de faire plus encore ? 
Le pouvoir a reculé devant le mouvement des gilets jaunes sur un point bien précis qui est l’augmentation de la « taxe carbone », prévue au 1er janvier 2019. 
S’agit-il donc de remettre « en marche » le processus d’augmentation ? 
Si tel est le cas, il faut dénoncer le scandaleux mensonge qui est le fil rouge de la démarche macronienne : faire croire que la transition écologique est une priorité pour notre pays et justifier par là une augmentation insupportable de la pression fiscale au détriment des plus pauvres pour tenter d’équilibrer une économie en tous points déficitaire.
La France ne produit que 1 % du gaz carbonique planétaire (moins de 300 millions de tonnes) grâce, notamment, à son électricité d’origine nucléaire et hydraulique. 
Les énergies renouvelables et intermittentes n’y joueront jamais qu’une part marginale. 
Autrement dit, la politique française n’aura aucun poids sur la transition énergétique mondiale, tandis que la Chine (9 milliards de tonnes !) et l’Inde continueront de construire de nouvelles centrales thermiques au charbon qui augmenteront la production de CO2
L’Allemagne elle-même a abandonné le nucléaire et s’est lancée dans une absurde quête du renouvelable. 
Le résultat est calamiteux : les Allemands paient leur électricité deux fois plus cher que les Français, doivent importer la nôtre et polluent davantage que nous en raison de leur recours massif au thermique.
Si le CO2 ne doit pas être une préoccupation française – si tant est qu’il le soit pour la planète dans le cadre d’un réchauffement climatique qui est loin d’être prouvé -, pourquoi donc cette insistance du pouvoir et d’une grande majorité des politiciens à nous en rebattre les oreilles ? 
Tout simplement, parce que c’est le moyen le plus hypocrite pour faire rentrer de l’argent dans les caisses d’un État dispendieux qui ne connaît plus de budget en équilibre depuis les années 1970. 
Les Français paient mais sans trop s’en apercevoir, et quand ils s’en rendent compte, on leur dit que c’est pour la bonne cause. 
En 2014, Hollande étant Président, et Macron son principal conseiller économique, a été instaurée la taxe carbone. 
Intégrée comme « composante carbone » aux taxes sur les produits énergétiques, sur le gaz naturel et sur le charbon, et soumise à la TVA, cette taxe était d’autant moins perceptible qu’elle était d’abord faible (de 7 euros la tonne) et qu’elle a été cachée par la baisse du prix du pétrole à la production. Mais, tout aussi discrètement, la petite bête a grimpé jusqu’à 44,6 euros en 2018 et devait atteindre 86 euros en 2020, puis 100 en 2022, pour couronner la fin de mandat de son auteur qui y avait vu l’utile financement du CICE à l’origine. 
Malheureusement pour lui, l’augmentation prévue pour 2019 (55 euros), dont l’annonce a coïncidé avec une hausse du prix du pétrole, a fait découvrir le subterfuge à tous ceux dont les dépenses contraintes pèsent sans cesse davantage sur leur budget, notamment lorsqu’il s’agit de ces Français périphériques obligés de se déplacer dans leur voiture personnelle.
La révolte était donc parfaitement légitime. 
L’enfumage présidentiel l’est d’autant moins qu’il associe à un bavardage mensonger un matraquage lui aussi sélectif, beaucoup plus dissuasif à l’encontre des gilets jaunes qu’il ne l’est quand, du haut des immeubles d’un « quartier sensible », on balance parpaings et cocktails Molotov sur la police, comme c’est le cas à Grenoble depuis quatre jours. 
Que le donneur de leçons à l’Europe entière au nom des valeurs et des principes se soit fait remonter les bretelles par Mme Bachelet, ex-présidente du Chili, et haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, en raison de la violence de la répression policière contre les gilets jaunes, avait un goût d’arroseur arrosé, ou plus justement de super-menteur démasqué, qui ne manquait pas de sel…
Christian Vanneste

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