Le 18 décembre, à Paris et dans plusieurs villes de France, des sans-papiers ont saisi l’occasion de la Journée internationale des migrants pour manifester et réclamer leur régularisation, dans le cadre de ce que les associations organisatrices ont baptisé l’Acte IV de la Marche des Solidarités.
Face aux médias, pour défendre leur demande de régularisation, l’un des coordinateurs de la manifestation parisienne a affirmé : « Nous sommes en très grande précarité et on était en première ligne pendant le confinement. On était les travailleurs qui étions au front, les caissiers, les livreurs, auxiliaires de vie, etc. »
Je m’interroge : en quoi poser des actions durant la crise sanitaire pour le compte de la solidarité donne-t-il un droit ? En quoi exécuter son contrat de travail durant la crise sanitaire, contre rémunération, donne-t-il un droit supplémentaire ?
Rappelons cette nuance importante dans le débat. Être sans-papiers c’est, lorsqu’on est migrant clandestin, ne disposer d’aucun document permettant d’attester son identité. Être en situation irrégulière ne signifie pas obligatoirement être sans-papiers, car tout migrant ayant entamé une procédure de régularisation, qui se voit par la suite opposer un refus, est aussitôt en situation irrégulière, mais à la différence du sans-papiers, son identité est connue.
Les associations de soutien aux migrants surfent sur cette confusion dans l’esprit de beaucoup de Français pour poser les revendications les plus saugrenues. La France est le pays de l’Union européenne qui propose les solutions de régularisation les plus souples pour les migrants. La France est le seul pays de l’Union européenne dans lequel le migrant demandeur d’asile peut passer, en 24 mois, du statut de sans-papiers à celui de naturalisé français.
Avec autant de dispositifs devant faciliter leur régularisation, pourquoi des sans-papiers trouvent-ils nécessaire de faire pression sur l’État ?
Si les sans-papiers estiment avoir des droits parce qu’ils ont travaillé, des textes de loi existent et ils sont contraignants pour les employeurs de migrants clandestins. Ils doivent se retourner contre leurs employeurs et non contre l’État, ce n’est pas la rue qui doit être l’otage de leurs actions, d’autant plus que, dans le contexte de défiance actuel, ce type de manifestation en période de couvre-feu est largement rejeté par les Français.
Ironie de l’Histoire, au moment où ces sans-papiers, essentiellement africains, manifestaient dans les rues de France, un sondage publié dans le magazine panafricain Jeune Afrique nous apprend que le sentiment de haine anti-France est grandissant, en Afrique… Étrange ambivalence, en effet, car comment expliquer que ces gens veuillent obtenir des papiers dans un pays qu’ils détestent ?
Peut-être que la réponse vient du système social français, le plus généreux de l’Union européenne, mais ça, il ne faut pas le crier trop fort…
Verlaine Djeni
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