Voici le deuxième tome de cette monumentale trilogie consacrée à l’Histoire des civilisations. Ce volume couvre l’histoire mondiale du VIème aux XVIIème-XVIIIème siècles, les césures chronologiques n’étant pas nécessairement similaires pour tous les espaces géographiques.
Les civilisations chinoise, du Sud-Est asiatique, indienne, occidentale et musulmane ont vécu en toute indépendance pendant un laps de temps assez long pour laisser des marques indélébiles dans le plan d’ensemble du monde actuel. Paradoxalement, leur coexistence s’explique par leur similitude sur un point : d’une manière générale, elles pratiquent l’agriculture de subsistance et toutes doivent puiser l’énergie dans la force éolienne, hydraulique et musculaire, du bétail ou de l’homme. Aucune d’elles n’est en mesure de s’imposer pour transformer les autres. Partout, aussi, le poids de la tradition est énorme.
Bien évidemment, la diversité du développement culturel s’accompagne déjà de techniques différentes. Il faudra attendre longtemps avant que les Européens puissent de nouveau entreprendre des travaux d’ingénierie comparables à ceux des Romains, et bien avant cela les Chinois auront découvert l’usage des caractères d’imprimerie mobiles et la poudre à canon. L’impact de ces avancées ou retards reste néanmoins marginal, en grande partie parce qu’il est difficile d’établir des relations entre civilisations, hormis dans quelques régions.
Jusqu’à l’an 1500, la plupart des civilisations évoluent selon un rythme qui leur est propre. De temps à autre seulement se manifestent les effets d’un grand bouleversement venu de l’extérieur. Seule exception à cette règle, l’influence déterminante des grands empires nomades de l’Asie centrale sur le reste du monde. Malgré leur caractère éphémère, ils constituent les principaux signes avant-coureurs des changements du Ier millénaire. Ils seront suivis d’une autre grande perturbation qui finira par toucher toute la population de la planète, de l’Espagne jusqu’en Indonésie et du fleuve Niger jusqu’en Chine : la naissance et le développement de l’islam.
Vers l’an 1500 s’annonce une nouvelle époque : celle de l’expansion de la culture européenne, déjà amorcée avec la découverte des Amériques et le début de l’entreprise européenne en Asie. Les Européens deviennent les maîtres de la planète. Cette position dominante va plonger le monde dans des guerres toujours plus complexes où se mêlent politique, impérialisme et expansionnisme militaire. L’intégration économique de la planète constitue une autre partie du processus avec, plus importante encore, la propagation d’idées et présupposés répandus, de nouvelles techniques et de la science médicale. Le résultat donnera un « monde unique » en quelque sorte. L’ère des civilisations indépendantes est désormais révolue.
Histoire du Monde, volume 2, Du Moyen Âge aux temps modernes, J.M. Roberts et O.A. Westad, éditions Perrin, 450 pages, 24 euros
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