lundi 18 mars 2024

[ÉDITO] Une idée de com’ par jour : Emmanuel Macron, le fugitif

 

De Gaulle avait filé en Allemagne après la tourmente de 1968. Perdu, il avait été demander conseil au général Massu. Comme lui, Macron vient de passer quelques heures en Allemagne où il a été reçu en grande pompe par le chancelier Olaf Scholz. Mais Emmanuel Macron n’est pas de Gaulle. Face la crise intérieure, de Gaulle cherchait une issue politique. Fidèle à lui-même, Macron met en scène une opération de communication. Dans Le Parisien, le chef de l’État a tenté de convaincre le voisin allemand qu’il n’avait pas voulu dire ce qu’il a dit : finalement, Macron ne veut pas de troupes au sol en Ukraine, a-t-il dit à Scholz. Oubliés, donc, les mots pourtant clairs du Président et ses exhortations à « ne pas être lâches » ?
Pas sûr ! Toujours au Parisien de ce dimanche, et toujours dans l’avion, demi-tour, droite ! « Peut-être qu’à un moment donné – je ne le souhaite pas, n’en prendrai pas l’initiative -, il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu’elles soient, pour contrer les forces russes. » Il « se prépare à tous les scénarios ». Ce salmigondis stratégique, façon chien fou, sur un sujet grave fait la une du Parisien et on est tenté de croire que c’était le seul but. Car Macron fait face à une menace... existentielle, au sens propre. Les Français sont en train de le sortir du jeu. Dans le baromètre mensuel IFOP-JDD donné ce dimanche, le président de la République se rapproche de son score le plus faible, avec seulement 28 % de satisfaits, contre 72 % de mécontents, soit le carré des fidèles du premier tour.

Rester sur scène

Politiquement paralysé faute de majorité à l’Assemblée, cousu d’échecs à l’intérieur où la dette et l’insécurité explosent comme à l’extérieur où la France s’isole, Macron joue la fuite en avant, une fuite dans la com' - ce qu’il fait de mieux. À ses trousses, le spectre d’une défaite électorale à peu près acquise aux européennes, le 9 juin. À ses trousses, surtout, la menace d’un Président Potemkine qui inaugure les chrysanthèmes ou d’un Président Grévin qui sort de l’Histoire pour aller au musée. Macron a vu Hollande acculé à la paralysie. Son orgueil refuse cette issue, il se cabre, il veut rester sur scène, continuer le spectacle. Surtout ne pas disparaître, ne pas assister, impuissant, à l’envolée du RN de Bardella et Le Pen pour qui il affichait, hier, encore tant de mépris, ne pas incarner le roi fainéant.

Alors, tout est bon : avec l’avortement, il triomphe sans risque dans des cérémonies empanachées grotesques. Avec l’euthanasie, il se remet au centre du jeu pour d’infinis débats. Avec l’Ukraine il s’invente une influence internationale et tente le coup de la guerre qui soude une nation autour du pouvoir. Avec les mesures judiciaires sur le viol (sa dernière idée), il endosse encore une fois le rôle d’arbitre. Tous les jours, une idée de communication, tous les jours, une intervention présidentielle dans un média de masse sur un sujet différent. Tous ces sujets pouvaient attendre. Peu importe l’intérêt national, la France, les Français, il occupe la scène, il fait semblant, il joue sa survie. À ceux qui dressent face à lui son bilan, le Président répond en accélérant la course. Encore trois mois ! Ce n’est plus un Président, c’est « Le Fugitif ».

Marc Baudriller

https://www.bvoltaire.fr/edito-une-idee-de-com-par-jour-emmanuel-macron-le-fugitif/

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