Gérard Claudet, 45 ans, est en vacances avec sa famille en Haute-Marne lorsqu'un mal de ventre le saisit. Le SAMU local le dirige vers les urgences de l'hôpital de Langres où il sera reçu avec par les soignants locaux. Une aventure médico-tomobile l'attend.
Arrivé le 26 octobre vers 16 heures, l'homme témoigne d'une équipe l'ayant accueilli « avec les plus grands soins ». Une inflammation intestinale lui est diagnostiquée. La situation dérape 24 heures plus tard lorsque des membres du personnel se rendent à son chevet pour lui annoncer le décès de plusieurs mètres carrés au sein de la structure. Ceux-ci ayant disparu suite à leur occupation par de nouveaux arrivants, la direction se voit contrainte d'évacuer le monsieur vers un ailleurs appelé « moyens du bord ». Face au « Je vais où ? » du patient, un volontaire se jette à l'eau et avoue la nature du lieu : « Écoutez, dans un garage. Quand on n'a plus de place ici, ce n'est pas compliqué : on ouvre le garage et on y met des patients ».
« Je t'attendrai à la porte du garage, tu paraîtras dans ton superbe brancard...»
D'autres alités sont déjà dans la place et attendent avec impatience ce nouveau compagnon de parking. Sol en béton brut, bruit assourdissant de la ventilation, douche et toilettes dans le couloir attenant. Ensemble, ils plaindront ces pauvres automobiles réduites à loger dans ce local sinistre, seules, abandonnées par leurs propriétaires. Une voix s'élève d'un lit médicalisé : « Est-ce qu'une seule personne au gouvernement s'est souciée du sort réservé aux moyens de transport du personnel hospitalier ? » La décision d'aligner les malades dans la rue pour permettre d'effectuer des travaux et ainsi de proposer un abri décent aux voitures des employés n'a que trop tardée. Le délabrement du système de santé français exige d'être optimisé. Un emplacement disponible le long d'un trottoir, c'est un malade qui peut attendre qu'un médecin vienne l'examiner. Chaque matin, un interne viendra examiner les tickets de parcmètre apposés au bas des lits. Une amende pour stationnement illégal et c'est une tension à surveiller.
Délabré pour délabré, le système hospitalier fait l'objet d'un projet révolutionnaire. Dès sa naissance, le citoyen est aiguillé vers une salle d'attente des urgences. (Le Stade de France ou une salle d'échange du RER). A l'adolescence, une infirmière vient l'avertir que son tour ne va pas tarder. Entré dans l'âge mûr, il voit un numéro s'afficher sur un écran. C'est le sien ! Choc traumatique. Euthanasie. Au suivant.
Au terme d'une nuit passée auprès de la ventilation, Gérard Claudet a capitulé. Rentré chez lui, il rédige un courrier indigné à l'Agence régionale de Santé, à l'hôpital de Langres et au ministère de la Santé. Aucune réponse à ce jour. Pour le faire patienter un chirurgien, admirateur de Charles Trénet, lui lance ce message d'espoir : « Je t'attendrai à la porte du garage, tu paraîtras dans ton superbe brancard...»
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