« Je n’y suis pour rien, pour le cyclone »
Au cours d’échanges tendus avec des habitants de Mayotte visiblement à bout et impatients de voir arriver les aides, notamment en eau et en vivres, Emmanuel Macron, en bras de chemise, lui aussi à bout, mais pas pour les mêmes raisons, a tenu des propos qui ne passent pas. « Hé, vous m’écoutez ? Bon, d’abord, je voulais vous dire que je sais combien c’est insupportable, ce que vous vivez depuis six jours maintenant… » Les images, prises sur le vif, ne trompent pas. À ce moment-là, franchement, on n’a pas le sentiment de voir un président de la République française. Même pas un Premier ministre. À la limite, un préfet ou un sous-préfet venant expliquer que le ravitaillement va arriver sous peu. Et encore… Et c’est là que, coupé par les huées d'une foule scandant « Macron, démission », ce dernier lâche : « Je n’y suis pour rien, pour le cyclone, vous pouvez me reprocher, c’est pas moi. » Est-ce le lieu et le moment, pour faire de l'humour ? On en doute. Mais ce n'était peut-être pas de l'humour.
Un peu plus loin : « Si vous opposez les gens, on est foutu, parce que vous êtes contents d’être en France. Parce que si c’était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde ! » C’est probablement vrai, mais un Président peut-il dire cela ?
Imagine-t-on, un seul instant, le général de Gaulle ?
Au fait, en voyant ces images désastreuses pour la fonction présidentielle, qui n'a pourtant pas besoin de ça actuellement, on peut se poser cette question : fallait-il qu’il y aille ou pas ? C’est un débat sans fin, lorsqu’une catastrophe survient. Si le chef de l’État ne vient pas, on va lui reprocher de manquer d’empathie, de solidarité envers des compatriotes frappés par le malheur. S’il vient, on lui fera grief de faire de la communication et, en plus, d’entraver la bonne marche des secours par sa seule présence à cause du déploiement de sécurité et… de journalistes qu’entraîne un tel déplacement dans de telles circonstances. Mais partons du principe qu’il devait y aller et évacuons l’hypothèse maligne que c’était, pour lui, l’occasion de reprendre un peu de lumière alors que son Premier ministre patauge dans la tambouille politicienne. Malheureusement, Macron, comme à son habitude - parce que, visiblement, c'est plus fort que lui -, a fait du Macron en voulant donner l'impression de s’occuper de tout et avoir le dernier mot. Même devant une foule exaspérée. On dira que c’est du courage. Ou de l’inconscience. Ce n’est, en tout cas, « pas du niveau ». On va reprendre la formule désormais consacrée : « Imagine-t-on, un seul instant, le général de Gaulle… ? »
Sans remonter jusqu'au fondateur de la Ve République, souvenons-nous de la visite du roi et de la reine d’Espagne, en novembre dernier, dans la région de Valence, après les inondations catastrophiques. Des circonstances comparables. Le Premier ministre socialiste avait dû être exfiltré alors que les souverains avaient affronté la foule. Comment ? Non pas en la provoquant par un déluge de mots et un comportement somme toute peu présidentiel, mais en s’adressant individuellement, discrètement, à quelques personnes dans la peine. On vit là la dignité d’un roi incarnant la nation et de la compassion de la part d’une reine en larmes. Pas de volonté de s’imposer. « Savoir pleurer avec ceux qui pleurent », pour citer Philippe de Villiers. On peut imaginer que Macron a imaginé qu'il pourrait rejouer la scène. Sauf que le roi et la reine d'Espagne ne jouaient pas. En tout cas, on a beau se repasser les images de Mayotte en boucle, on n’a rien vu de tout cela. N’est pas roi qui veut.
Dernier éclairage de cette séquence présidentielle calamiteuse : on apprend qu'en fait, ce serait en quelque sorte la faute du RN ! Emmanuel Macron s'est ainsi justifié de ses propos : « J'avais des gens du Rassemblement national qui étaient face à moi et qui insultaient la France en même temps, qui disaient qu'on ne fait rien... » Vrai ou pas vrai, effectivement, ce n'est pas du niveau.
Georges Michel
https://www.bvoltaire.fr/macron-demission-meme-a-mayotte-mais-cest-la-faute-du-rn/
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