L’arrivée de la Couronne d’épines
En 1239, bien que la construction de Notre-Dame ne soit pas encore achevée, la cathédrale reçoit l’inestimable honneur d’accueillir la Sainte Couronne d’Épines, l’un des plus beaux trésors de toute la chrétienté. Le diadème sanglant porté par le Christ lors de sa Passion a été retrouvé par les empereurs de l’ancienne Constantinople. Cependant, désormais aux abois, l’Empire byzantin voit en cette relique le moyen de remplir ses coffres d’or. Louis IX, fervent chrétien, n’hésite pas alors à l'acheter pour un montant considérable. Ainsi, la Couronne, arrivant en France le 10 août 1239, est accueillie à Villeneuve-l'Archevêque, en Champagne, puis portée en procession solennelle jusqu'à Paris. Le roi, pieds nus et en chemise de pénitent, la conduit lui-même à la cathédrale Notre-Dame de Paris. La pieuse relique y repose pendant une dizaine d'années avant d’être transférée à la Sainte-Chapelle, véritable joyau gothique et écrin doré, édifié par Saint Louis pour abriter les reliques de la Passion. Ce court passage de la couronne du Christ à Notre-Dame, avant son retour en 1801, illustre ainsi l’importance du christianisme dans l’Histoire de France, laissant une empreinte indélébile sur notre patrimoine culturel et spirituel.
Le sacre de Napoléon
Le 2 décembre 1804, Notre-Dame de Paris devient la scène d’un événement clé : le sacre de Napoléon Ier, dont nous fêtons le 220e anniversaire cette année. Véritable acte fondateur de l’Empire français, cet événement marque la rupture avec la Révolution ainsi que l’instauration d'un régime renforçant l’image de Napoléon, chef d’État providentiel et légitime. Le sacre de l’Empereur est aussi l’occasion, pour la France, de faire revivre la cathédrale qui a durement souffert des négligences et des profanations de la Révolution. La folie de 1789 a fait de Notre-Dame le temple du culte de la Raison promulgué par Robespierre, puis l'a transformée en un vulgaire entrepôt de barriques de vin. Ainsi, à l’occasion de l’avènement de l’Empereur, des travaux de restauration précipités sont entrepris, tandis que les architectes Percier et Fontaine dissimulent les outrages du temps sous des décors inspirés de l’Antiquité romaine, en écho à l’ambition impériale de Napoléon. Notre-Dame devient le théâtre d’un nouvel acte de notre Histoire nationale, mêlant traditions et renouveau.
De Gaulle à Notre-Dame après la Libération
Le 26 août 1944, Notre-Dame est à nouveau le témoin d’un événement mémorable : la messe d’action de grâce célébrée en présence du général de Gaulle, au lendemain de la libération de Paris. Après la descente triomphale des Champs-Élysées, de Gaulle se rend à la cathédrale pour symboliser le retour de la République et de l’unité nationale. Sous les vénérables voûtes de pierre de Notre-Dame, un Te Deum et un Magnificat résonnent (« En fut-il jamais chanté de plus ardent ? », commenta de Gaulle, dans ses Mémoires), tandis qu’une France réunie et émue remercie les Cieux d’être enfin libérée du joug nazi. Cependant, la cérémonie est troublée par des coups de feu venus de l’extérieur, rappelant ainsi à tous que les combats pour la libération de Paris et de la France ne sont pas finis. De Gaulle, impassible, incarne alors la résilience et la détermination d’un pays en pleine reconstruction. C’est ainsi, encore une fois sous le regard éternel des statues de Notre-Dame, que s’est dessinée une image forte de la renaissance française où religion, patriotisme et politique se sont entrelacés.
De l’arrivée des reliques sacrées sous Saint Louis au couronnement impérial de Napoléon jusqu’à la renaissance républicaine incarnée par de Gaulle, la cathédrale a toujours été le miroir de notre nation, entre foi, grandeur et résilience. Aujourd’hui, sa résurrection rappelle au monde la puissance intemporelle de ce livre de pierre dans lequel se lit, pour toujours, l’âme de la France.
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