15/01/2025
[…] À 22 ans, il découvrait la détention après avoir été interpellé en possession de fausses ordonnances pour se procurer du sirop à la codéine, utilisée de manière détournée pour ses effets euphorisants.
Quelques semaines plus tard, Robin Cotta était tué en détention par un codétenu. «Théoriquement pourtant, en France, on devrait être un seul détenu par cellule au quartier des arrivants», note l’avocat d’Odile Cotta, Me Étienne Noël. Or, selon ce dernier, Robin Cotta s’était retrouvé dans une cellule avec deux autres détenus, dont le mis en cause, «condamné à une peine en comparution immédiate de six mois, avec une semi-liberté accordée par l’administration».
[…] D’après Odile Cotta, le mis en cause était un détenu dont les accès de violences étaient connus de l’administration pénitentiaire. […]
Ce n’est même plus un assassinat. C’est une mise à mort. Mon fils a été donné comme de la chair à pâté.» […]
« J’avais confiance je me suis dit quand même ce concept carcéral, il y a l’État, c’est rangé, ils font attention… Je n’aurais jamais cru qu’il allait entrer dans un enfer. Ils ont foutu mon fils avec la mort », dénonce Odile, qui estime que l’administration pénitentiaire est responsable de la mort de Robin. (…)
Robin est incarcéré à la maison d’arrêt des Baumettes, où il intègre le quartier des arrivants sous le numéro d’écrou 210 063. Intérimaire d’une entreprise d’installation de panneaux solaires depuis un an, il n’a pas le profil d’un grand délinquant et encore moins d’un trafiquant. Son casier judiciaire de majeur est vierge. Il n’a jamais été incarcéré. Du 22 septembre au 4 octobre 2024, sa détention ne semble pas poser de problème. (…)
Mais le 4 octobre, la situation change radicalement. Robin est placé en détention avec A.M. Ce détenu de 25 ans, incarcéré un mois plus tôt, a été plusieurs fois condamné pour vol et violences. Il purge aux Baumettes une récente peine de six mois de prison ferme dans une affaire de transport de stupéfiants. Lors de l’enquête, plusieurs détenus ont expliqué aux policiers que A.M. avait déjà menacé certains de ses trois codétenus en mimant notamment de les découper à la machette. Un détenu rapporte que le premier codétenu de A.M. a demandé à quitter sa cellule en se réfugiant à l’infirmerie et qu’il en a profité pour mettre en garde les surveillants des Baumettes en leur disant “Si on le laisse avec quelqu’un, ce sera une dinguerie !”
Durant les six jours de sa codétention avec A.M., Robin n’a de cesse de demander à changer de cellule pour éviter un conflit ou parce qu’il se sent menacé, ont reconnu les gardiens après le drame.
Le rapport pénitentiaire joint à la procédure fait état de trois courriers de la victime adressés à la direction de la maison d’arrêt, dont une lettre rédigée le matin même de sa mort. Dans cet ultime courrier daté du 9 octobre 2024, Robin réclame une nouvelle fois d’être transféré dans la cellule qui lui fait face. Mais l’officier responsable du quartier des arrivants lui fait savoir qu’il ne peut pas le recevoir et remet le rendez-vous au lendemain. (…)
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