Par Mehdi Taje, géopoliticien et spécialiste des méthodologies de la prospective, directeur de Global Prospect
Remise en cause du modèle économique dominant,
crispations identitaires et nationalistes, aspiration des peuples à la
liberté et à la gouvernance démocratique,...
...restructuration en cours du monde arabe, ruptures technologiques, surprises stratégiques, croissance des dépenses militaires, en particulier au sein d’États contestant la suprématie occidentale, rivalités et tensions croissantes entre États, course à la sécurisation des ressources énergétiques et minérales, démographie galopante[1], primauté de la mer sur la terre[2], exigences environnementales, retour en force du religieux, fragmentation des continents, exacerbation des menaces transnationales, etc. sont autant de marqueurs de la fin d’une époque et de l’ouverture d’une autre, sans pour autant être en mesure d’en dessiner les contours.
La crise syrienne est révélatrice de l’exacerbation des rivalités entre les forces de l’unipolarité visant à maintenir les États-Unis en tant que moteur de la transformation du monde à leur image et les forces de la multipolarité œuvrant à l’émergence d’un monde multipolaire (Chine, Russie, Inde, Iran, etc.). Les rivalités s’exacerbent au fur et à mesure que la concurrence s’aiguise et que les rapports de puissance s’inversent : la tendance est à l’érosion du leadership américain et « la bagarre multipolaire » est engagée selon les propres termes d’Hubert Védrine. Ces pôles de puissance portent une vision du système international qu’ils entendent modifier en fonction de leurs intérêts stratégiques et de leurs propres agendas et ils bâtissent des projections géopolitiques d’envergure et des représentations collectives de l’avenir. [...]
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