Gestionnaire d’actifs âgé de 29 ans, James Fishback, ancien trader de Wall Street, a pris la tête d’une société d’investissement, Azoria Partners. Fervent partisan de Donald Trump, le jeune investisseur explique au Financial Times le sens de sa démarche : « Les Américains, qu’ils aient voté pour le président Trump ou non, ne veulent pas investir dans des entreprises qui mènent des expériences scientifiques woke », rapporte Le Figaro. L’objectif d’Azoria est avant tout de prôner l’excellence et la méritocratie : « Azoria est une société d'investissement américaine engagée en faveur de la libre pensée, de l'excellence et de la méritocratie », lit-on sur le site Internet de son fonds d'investissement.
Un fonds « Plaidoyer pour le mérite »
C'est le 5 décembre, depuis le fief de Trump en Floride, que le jeune investisseur a lancé son projet, avec un « Plaidoyer pour le mérite ». Il explique ainsi que « les plus grandes entreprises américaines prospèrent depuis longtemps grâce à un principe simple mais puissant : embaucher la meilleure personne possible pour le poste. […] Ces dernières années, cependant, nombre de ces entreprises ont été prises au piège d’une nouvelle orthodoxie qui rejette le principe éprouvé de l’embauche basée sur le mérite et adopte à la place quelque chose de nouveau : l’embauche sur la base de la race et du sexe. »
Le ton est donné, faisant fi des quotas, renonçant aux DEI (pour Diversité, Equité, Inclusion, ces cabinets dont se sont dotées les entreprises pour obtenir la caution woke), l’investisseur rappelle les fondamentaux d’une entreprise qui fonctionne : choisir le meilleur candidat, point final ! À titre d'exemple, l’homme d’affaires a évoqué « Simone Biles, une femme afro-américaine, [et] Suni Lee, la première championne olympique hmong-américaine » qui ont particulièrement brillé aux Jeux olympiques de Paris, alors qu’aucun quota "diversitaire" n'est imposé dans ces équipes sportives.
Cette politique de discrimination positive, pour lui, ne rend service à personne : ni à ceux engagés au nom de ces quotas qui risquent d’y être réduits, ni évidemment à ceux qui se voient évincés car prétendument privilégiés. Il démontre, surtout, que c’est le principe même de la compétitivité d’une entreprise qui se voit ainsi mise à mal. « Voilà ce qui se passe lorsque le mérite est la norme : la diversité devient un sous-produit naturel de l’excellence au lieu de la remplacer. » James Fishback est anti-woke parce que cela dessert la grandeur et la compétitivité américaines. Petit clin d’œil à la France, l’investisseur termine son discours en citant notre Alexis de Tocqueville national (De la Démocratie en Amérique) : « La grandeur de l’Amérique ne réside pas dans le fait qu’elle est plus éclairée que toute autre nation, mais plutôt dans sa capacité à réparer ses défauts. » Et de conclure : « Mettons-nous au travail. »
My speech at Mar-a-Lago today
The Case for Merit
America’s greatest companies have long thrived on a simple yet powerful principle: hire the best person possible for the job.
That’s how they became engines of innovation that delivered windfall profits to shareholders and… pic.twitter.com/kEfVtENCp2
— James Fishback (@j_fishback) December 5, 2024
Le précédent Starbuck
James Fishback est l'un des signes d'un retour des Etats-Unis au bon sens, après des années de politique soi-disant progressiste. De nombreuses entreprises annoncent fermer leur fameux cabinet DEI. Boeing, par exemple, l’a supprimé il y a un mois, « après avoir subi les pressions de l’extrême droite et en pleine crise économique […] », raconte 20 Minutes. Cette décision est due à un activiste bien connu sur X, Robby Starbuck. Celui-ci se fait fort, avec ses abonnés, de mettre en échec les politiques woke dans les entreprises. Selon Le Parisien, « il a déjà réussi à faire flancher plusieurs grandes marques américaines, à l’instar de Ford, Harley-Davidson ou Jack Daniel's ». Le mode opératoire de Robby Starbuck est simple : dénoncer sur son compte X les entreprises appliquant le programme DEI. « Ce virage s'inscrit dans le sillage de la campagne de Donald Trump et plus largement de l'offensive "anti-woke" des conservateurs américains, renforcée par la décision de la Cour suprême, en 2023, d'abolir les programmes de discrimination positive à l'université », explique BFM Business. D’ailleurs, dès 2022, « le consensus qui émerge actuellement parmi les universitaires est que de nombreuses politiques anti-discrimination n'ont aucun effet. Pire encore, elles se retournent souvent contre eux », avait expliqué The Economist. DEI serait même devenue une insulte ethnique stigmatisante… une bonne raison de se demander à qui peuvent bien profiter ces programmes !
Il semble y avoir là de quoi donner des cheveux blancs à nos wokistes internationaux. Éternelle lutte des anciens contre les modernes ? Nouvelle offensive des jeunes conservateurs contre les vieux progressistes sur le terrain économique ? « La bataille qui va s’engager est celle des idées, celle du progrès », disait Victor Hugo de la bataille d’Hernani. Le progrès, ici, ressemble grandement à un retour aux sources.
Victoire Riquetti
https://www.bvoltaire.fr/usa-james-fishback-ce-financier-qui-lance-un-fonds-anti-woke/
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