dimanche 2 février 2025

La Russie prend des mesures contre le déclin démographique

 

La Russie prend des mesures contre le déclin démographique

La Russie durcit sa position contre le déclin démographique avec de nouvelles mesures juridiques et en promouvant les valeurs traditionnelles. L’interdiction de la promotion d’une idéologie anti-enfant et les restrictions à l’avortement visent à inverser le déclin démographique.

La population russe décline à un rythme alarmant. Chaque année, le pays perd l’équivalent des habitants d’une grande ville. Le gouvernement a identifié la situation comme une crise nationale et a décidé d’intervenir avec des mesures drastiques. Il s’agit notamment d’une interdiction de promouvoir le mouvement « sans enfants » et de restrictions accrues à l’accès à l’avortement.

L’année de la famille

L’année 2024 a été déclarée « Année de la famille » en Russie dans le but d’augmenter le taux de natalité. Cependant, cela n’a pas suffi à infléchir les courbes de la dénatalité.

Cette situation alarmante a donné lieu à des débats à la Douma, où les législateurs ont constaté l’urgence de prendre des mesures correctives. Le coût de la vie élevé dans des villes comme Moscou et Saint-Pétersbourg rend la décision d’avoir des enfants difficile. Les aides de l’État, bien qu’elles existent, ne sont pas suffisantes pour changer la situation.

L’avortement, un gros problème

Depuis l’époque soviétique, l’avortement est légal et accessible dans les hôpitaux publics et les cliniques privées de Russie. Cependant, avec la crise démographique, les autorités ont décidé de limiter cette pratique.

Ces dernières années, des restrictions progressives ont été mises en place, comme l’interdiction de la vente libre de médicaments abortifs tels que le misoprostol et la mifépristone, qui depuis 2023 ne peuvent plus être achetés que sur ordonnance médicale. En outre, des initiatives régionales ont été promues visant à limiter l’accès à l’avortement dans les cliniques privées. Dans des régions comme le Tatarstan et la Crimée, plusieurs cliniques ont cessé d’offrir ce service en raison de la pression du gouvernement.

Dans certaines villes, des lois ont également été adoptées criminalisant l’incitation à l’avortement. À Nijni Novgorod, par exemple, des amendes allant jusqu’à 200 000 roubles ont été infligées à quiconque fait pression sur une femme pour qu’elle avorte, que ce soit son partenaire, son employeur ou un membre de sa famille.

En revanche, l’Église orthodoxe s’est montrée plus insistante dans son discours contre l’avortement, le qualifiant ouvertement de « meurtre ». Dans certaines régions, des militants orthodoxes pro-vie ont lancé une campagne « Bonjour, maman », qui vise à décourager les femmes de recourir à l’avortement en leur offrant un soutien financier et social. La télévision d’État a également commencé à diffuser des contenus anti-avortement, comme le film « Lettre d’une mère », produit par Spas TV, la chaîne de l’Église orthodoxe.

Le président Vladimir Poutine a reconnu la gravité de la crise démographique et, tout en soutenant les mesures visant à réduire le nombre d’avortements, a souligné que celles-ci doivent être accompagnées d’un plus grand soutien aux familles. Dans son discours annuel, il a déclaré : « Il est nécessaire d’améliorer les conditions économiques et sociales pour que la maternité soit considérée comme une option viable et souhaitée. »

Interdiction de promouvoir le concept « sans enfant »

Le parlement russe, dans le but d’encourager la natalité, a interdit la promotion du mouvement « sans enfant ». Désormais, présenter une vie sans enfant comme un choix souhaitable sera considéré comme un crime. Les autorités n’ont toutefois pas clairement défini les limites de cette interdiction, ce qui soulève des questions quant à sa mise en œuvre.

Le mouvement « sans enfant » est composé de communautés qui promeuvent une vie sans enfant à travers des ateliers, des articles et de la littérature. Ses partisans affirment qu’ils subissent une pression sociale pour avoir des enfants et estiment que leur décision doit être respectée. Bien que l’idéologie « sans enfants » ne soit pas profondément enracinée dans la société russe, elle est dangereuse car elle « parle des enfants comme d’un problème ».

Désormais, la promotion de ce mode de vie est interdite dans les médias, les réseaux sociaux, la publicité et même au cinéma. Les restaurants qui se disaient auparavant « sans enfants » et interdisaient l’entrée aux enfants seront également contraints de modifier leur politique. Cette décision a été interprétée comme une mesure anti-occidentale et antilibérale, similaire à d’autres lois récentes contre la « propagande LGBTQ ».

Autres mesures pour encourager les naissances

En plus des interdictions et des restrictions, le gouvernement a discuté de nouveaux programmes d’incitation économique pour les familles. Ces initiatives comprennent des subventions directes à la naissance, des prolongations du congé de maternité et des avantages fiscaux pour les familles nombreuses.

Les experts démographiques préviennent que le problème n’est pas seulement législatif, mais aussi culturel. Changer la perception de la maternité et de la paternité nécessite du temps et des mesures complémentaires.

Léo Kersauzie

https://www.medias-presse.info/la-russie-prend-des-mesures-contre-le-declin-demographique/200573/

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