par Gérard Leclerc
C’est presque l’Europe entière qui se trouve comme interdite face à l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. L’opinion française, soigneusement prévenue par des médias hostiles, a beaucoup de difficultés à enregistrer l’événement. Il faut dire que la personnalité de l’intéressé, avec ses provocations, ne contribue pas toujours à une appréciation sereine. Pourtant, la plupart de ses propositions, – telles qu’il les a énoncées dans son discours d’investiture – ont le mérite de la clarté. America first ! La défense farouche des intérêts américains signifie-t-elle forcément le désintérêt pour les affaires du monde ? Sûrement pas, si l’on observe la volonté d’arrêter au plus vite la guerre en Ukraine et de mettre au pas le Hamas. On saura assez vite si les intentions proclamées sont suivies d’effets.
Il est un autre domaine qui sollicite notre attention, avec sa dimension civilisationnelle. La volonté de combattre ce qu’on appelle le wokisme, qui a contaminé une part importante de l’intelligentsia et du parti démocrate, offre des enjeux qui ont une portée universelle. Lorsque Donald Trump proclame « à partir d’aujourd’hui, il n’existe que deux sexes, masculin et féminin », il ne préconise pas seulement le retour au bon sens. Il réaffirme la primauté d’une anthropologie fondatrice de notre civilisation et s’oppose à des décennies de déconstruction aux conséquences funestes. On comprend que le progressisme, dans toutes ses désinences idéologiques, se considère en danger.
Est-ce à dire que l’ensemble des décisions prises dès le lendemain de l’investiture sont indemnes de tout reproche ? L’épiscopat catholique américain a fait part de ses remarques critiques, tout en approuvant ce qu’il y avait de positif dans les mesures « qui reconnaissent la vérité sur chaque personne humaine en tant qu’homme ou femme ». Ce qui est « profondément troublant » concerne le traitement des immigrés et des réfugiés, l’aide au développement, l’extension de la peine de mort et l’environnement. Il est de la responsabilité des évêques de faire entendre une différence évangélique qui va à l’encontre d’une certaine dureté. Encore faut-il que les responsables politiques traduisent en termes réalistes des objectifs de bien commun, et cela peut amener à ce que les moralistes appellent des conflits de devoir.
À ce propos, on a beaucoup cité le sermon d’une « évêque épiscopalienne », Mariann Budde, prononcé devant le président dans la cathédrale nationale de Washington : « Il y a des enfants gays, lesbiennes, transgenres de familles démocrates, républicaines ou encore indépendantes, dont certains craignent pour leurs vies. » De plus : « La grande majorité des immigrants ne sont pas des criminels ».
On comprend que Donald Trump ait été mécontent de tels propos qui le mettaient directement en cause. Certains commentaires ont voulu saluer le courage de Mariann Budde. Mais on ne saurait oublier qu’elle est une adversaire de toujours du président et que ses convictions ressemblent à une sorte de radicalisme politique et idéologique, qui ne se rapporte pas à la seule inspiration de l’Évangile. On peut même contester cette façon d’assimiler les revendications LGBT, alors qu’elles sont en opposition directe aux enseignements de l’Écriture.
On comprend que nous sommes en pleine discussion concernant les questions sociétales. Celles-ci exigent un discernement sérieux, au-delà des affrontements de l’arène politicienne. Par ailleurs, il est injuste de rejeter d’emblée la nouvelle direction américaine, comme si elle ne comportait pas de chrétiens particulièrement conscients de leurs devoirs civiques marqués par la différence chrétienne. Tel le vice-président catholique J.D. Vance.
https://www.actionfrancaise.net/2025/02/02/trump-contre-le-wokisme/
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