dimanche 2 février 2025

Tulsi Gabbard se bat contre le consensus des zombies

 

Tulsi Gabbard est une femme courageuse. Sa bravoure décorée en tant que vétéran du combat est quelque chose que même ses adversaires ne peuvent nier. Mais elle a aussi du courage politique, ce qui n’implique pas de faire face à un danger physique mais demande beaucoup de force psychologique. À Washington DC, la façon de réussir est de rester fidèle au groupe. Mais les deux partis ne sont que des groupes secondaires. La loyauté de groupe primaire dans la capitale nationale est celle envers ses collègues fonctionnaires et le fonctionnariat en tant que classe. Ce groupe est un troupeau de timides, mais il survit parce que ses membres restent unis.

Gabbard est un danger pour ce troupeau. Si elle avait simplement défié le Parti démocrate, dont elle était membre pendant ses quatre mandats au Congrès, elle serait sûre d’être confirmée par la majorité sénatoriale du Parti républicain. Mais sa nomination au poste de directrice du renseignement national fait face à un degré inhabituel de résistance parce que son indépendance a offensé autant les Républicains que les Démocrates du troupeau.

Ces fonctionnaires qui ont soutenu la guerre en Irak et l’occupation illimitée de l’Afghanistan, et qui souhaitent maintenant engager les États-Unis dans un autre conflit du même genre en Syrie, ne sont pas punis au sein de la communauté de Washington. Au contraire, ce sont les critiques de ces guerres qui sont rejetés par le troupeau. Le consensus que les autorités ont rendu obligatoire depuis la fin de la guerre froide est pourtant rejeté les électeurs, comme ils l’ont prouvé en élisant et en réélisant Donald Trump. Chaque Américain ayant vu comment la pensée du groupe en politique étrangère, durant ces 35 dernières années, a produit des guerres impossibles à gagner et une détérioration de l’ordre international très libéral que les autorités se targuent pourtant de préserver. Mais si la nomination de Gabbard va jusqu’au vote, elle peut compter sur l’opposition du sénateur Mitch McConnell, l’ancien chef de la majorité et incarnation de ce consensus des zombies.

Combien de Républicains de la Commission du renseignement du Sénat sont déterminés à voter contre elle ? Un seul suffirait à refuser à Gabbard l’approbation du comité, ce qui pourrait empêcher sa nomination d’atteindre le Sénat. Susan Collins du Maine et Todd Young de l’Indiana sont les membres du comité du Parti républicain considérés comme les plus susceptibles de voter contre Gabbard.

Mais les Démocrates sont maintenant encore plus redevables à l’ancienne orthodoxie que leurs homologues Républicains. Ce que le vote sur Gabbard révélera, c’est si la majorité opérationnelle du Sénat est composée des Démocrates avec une poignée de Républicains comme McConnell, ou si une rupture est désormais possible après une ère de politique étrangère si désastreuse.

Gabbard est le test parfait. Elle est devenue indépendante puis républicaine alignée sur Trump après avoir défié le Parti démocrate de l’intérieur, d’abord en soutenant Bernie Sanders sur l’establishment du parti, puis en participant elle-même à la présidentielle démocrate de 2020 – et en humiliant Kamala Harris lors des débats pour les Primaires. L’étiquette du parti de Gabbard a changé parce que sa critique de la pensée du groupe de politique étrangère de DC restait cohérente. Trump a transformé le Parti républicain, la politique électorale du pays et maintenant le gouvernement, tandis que Bernie Sanders est passé à l’arrière-plan d’un Parti démocrate en restant avec Hillary Clinton, Joe Biden et Kamala Harris, tous des représentants fidèles du consensus de l’élite.

Si Gabbard va jusqu’au vote sénatorial, cela mettra à l’épreuve la volonté de Sanders de renverser l’orthodoxie. Gabbard est sous le feu des critiques pour avoir critiqué l’OTAN, exprimé des scrupules à propos des lois nationales sur la surveillance, rencontré le dictateur syrien Bachar al-Assad et d’autres personnages peu recommandables dans le but d’empêcher l’Amérique de participer à d’autres guerres au Moyen-Orient. Sanders est plus proche de Gabbard sur tous ces points qu’il ne l’est de la ligne officielle de Washington, mais Sanders a-t-il son courage ? Défiera-t-il la discipline du Parti démocrate pour voter pour sa confirmation ? Il peut facilement trouver des excuses pour ne pas le faire, mais le sénateur du Vermont n’est pas dupe. Il comprend très bien que la confirmation de Gabbard ne concerne rien d’autre que la question de savoir si l’ancienne ligne de politique étrangère de DC peut encore être maintenue contre les dissidents. Face à un tel enjeu, Sanders se révèlera-t-il aligné avec Mitch McConnell plutôt qu’avec Tulsi Gabbard ?

Même si Gabbard n’obtient pas l’approbation du comité du renseignement, il y a une chance qu’elle puisse prendre la parole. Burgess Everett de Semafor note que le comité “a le pouvoir d’envoyer la nomination de Gabbard au Sénat en entier sans recommandation, ou même une recommandation défavorable.” Au-delà de cela, « le Sénat au complet peut également voter pour renvoyer les candidats du comité si le panel est incapable de concocter une majorité pour quoi que ce soit, mais cela peut être soumis à un seuil de 60 voix ».

Gabbard est le candidat de Trump qui a le chemin le plus difficile vers la confirmation. C’est un signe de la puissance de la mentalité de troupeau des trois dernières décennies, malgré les demandes de changement des électeurs. Gabbard symbolise le potentiel de Trump à réorienter non seulement son propre parti, mais l’ensemble du spectre politique. Elle est le symbole de la façon dont les divisions partisanes peuvent être dépassées. Si elle arrive à surmonter les zombies.

Daniel McCarthy

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Source Compact

https://lesakerfrancophone.fr/tulsi-gabbard-se-bat-contre-le-consensus-des-zombies

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