mercredi 1 janvier 2025

2025 : la crise de la démocratie met Macron sur la sellette

 

Emmanuel Macron passera-t-il 2025 ? La question se pose, même s’il la récuse. La raison en est simple : un pouvoir contesté ne peut congédier durablement toute une partie d’un peuple pour s’en protéger. Seuls les régimes totalitaires procèdent ainsi. C’est pourtant ce choix despotique qu’a fait Macron, dès le 5 décembre, en dénonçant un « front antirépublicain » (Le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement national) jugé coupable d’avoir osé voter la censure du gouvernement de Michel Barnier.

La crise de la démocratie, qui défigure la Ve République épuisée, ne peut se guérir en excluant « les extrêmes », c’est-à-dire ceux qui ne pensent pas comme le pouvoir. Comment se prétendre président de tous les Français en effaçant de la vie politique près de la moitié d’entre eux ? Comment ces pestiférés peuvent-ils se faire entendre autrement qu’en élevant toujours plus la voix ? Le coup de semonce du 3 décembre de Marine Le Pen, qui a conduit à la démission du premier ministre, se reproduira si le chef de l’Etat, accroché à sa fonction, persiste dans son ostracisme. Dans sa fuite en avant, Macron est l’obstacle à la concorde promise par François Bayrou, nommé à Matignon un vendredi 13.

La radicalité présidentielle ne peut susciter en réponse que la radicalité des indésirables. Le centrisme réconciliateur, dont se réclame le biographe d’Henri IV, est d’ailleurs un trompe-l’oeil. Bayrou est un adepte du barrage républicain. Il a voté contre Nicolas Sarkozy en 2012, à cause de ses « obsessions » sur l’immigration à réduire, et les frontières à rétablir. Il fait partie des mandarins reclus dans leur Cité interdite. Tandis que les parias tambourinent aux portes de l’enclos, le ministre démissionnaire de la fonction publique Guillaume Kasparian dévoile sa vie intime en se faisant photographier (Paris-Match, 5 décembre), allongé sur son chesterfield, la tête sur le torse de son compagnon, sous le titre : « L’amour malgré les turbulences ». Cette légèreté résume un monde évanescent et nombriliste. Même les cérémonies de réouverture de Notre-Dame, les 7 et 8 décembre, ont reproduit, dans la parade du clergé, le réflexe élitiste qui écarte le peuple de la caste des puissants. Non seulement les fidèles auront été tenus à distance de la cathédrale renaissante mais les prêtres, relookés par Jean-Charles de Castelbajac, n’auront pas eu l’idée d’aller à la rencontre de la foule catholique pour lui offrir la communion, réservée aux invités de marque. Le Pape François a eu raison de préférer se mêler, le 15 décembre, à la piété du peuple corse plutôt qu’à ces mondanités parisiennes.

Rien ne va dans cette haute France à la tête vide. Ses dirigeants ne s’inquiètent que de leur sort. Les « politiciens et technocrates » (David Lisnard), sont des boulets qui empêchent le pays d’avancer. La « machinerie des partis » (Marc Bloch) oblige à penser petit. Les idéologues de l’universalisme vaporeux tétanisent la fierté collective. Certes, Notre-Dame incendiée a pu être reconstruite en cinq ans grâce à l’implication du président. Mais son mérite aura consisté à libérer des entraves étatiques une somme de savoir-faire et d’initiatives privées. Or il s’est gardé d’appliquer cette méthode à la société empoissée par les réglements, les interdits, la déresponsabilisation généralisée. Au lieu de cela, le chef de l’Etat aura donné le spectacle d’un monarque esseulé cherchant sa survie dans l’effacement du peuple réfractaire. La rencontre à l’Elysée, le 10 décembre, des acteurs politiques hormis LFI et le RN, restera comme le témoignage d’un régime à bout de souffle. Bayrou était de ce conciliabule de la honte. Macron ne peut survivre jusqu’en 2027 qu’au prix de l’immobilité. Il compte sur son sixième Premier ministre pour dynamiser l’inertie. C’est pourquoi une démission serait l’issue la plus souhaitable.

La voie libérale se profile comme l’alternative, pour en finir avec la France suradministrée et sous-gouvernée. L’Etatisme acharné est devenu incontrôlable. (La suite sur Causeur de janvier).

https://blogrioufol.com/2025-la-crise-de-la-democratie-met-macron-sur-la-sellette/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire